LE 50e CONGRÈS de l’association européenne pour l’étude du foie (EASL), qui s’est achevé dimanche, a été l’occasion de donner les premiers résultats concrets des cohortes HEPATHER et CUPILT montées en 2013 par l’ANRS. Alors que la première permet d’assurer le suivi de plus de 17 000 patients atteints d’une hépatite chronique B ou C, la seconde s’attache au cas plus particulier des patients transplantés hépatique suite à une infection par le virus de l’hépatite C (VHC).
La puissance d’HEPATHER a été mise à contribution pour évaluer l’efficacité, en vie réelle, des antiviraux à action directe (AAD) de l’hépatite C. Près de 3 500 patients de la cohorte ont été traités, (pour mémoire, 14 000 patients traités par le sofosbuvir en 2014 selon l’association française pour l’étude du foie). Les auteurs ont retenu 409 malades traités par une combinaison de sofosbuvir (Sovaldi, Gilead) et de daclatasvir (Daklinza, BMS), dont 78 % avaient une cirrhose et 75 % étaient en échec d’un précédent traitement. « Nous avons choisi cette combinaison, car les autres, et notamment l’association sofosbuvir+siméprévir, ont été très largement rapportés par les Américains, explique le Pr Stanislas Pol, chef du service d’hépatologie à l’Hôpital Cochin (AP-HP) et investigateur principal de la cohorte HEPATER, nous avons préféré nous focaliser sur ce qui était inconnu ».
Un choix politico-économique.
Selon les résultats présentés par le Pr Pol, 94 % des patients traités pendant 12 semaines sans ribavirine ont une charge virale indétectable quatre semaines après l’arrêt du traitement. Le taux atteint les 100 % lorsque la ribavirine est ajoutée à cette combinaison, ou que lorsque le traitement est prolongé jusqu’à 24 semaines.
Chez les patients non cirrhotiques les auteurs constatent que, quelle que soit la durée du traitement, 100 % des patients présentent une charge virale indétectable.
Les AAD ont en outre un bon profil de sécurité avec 9 % d’effets indésirables sérieux, et 3 % d’arrêts de traitement. « Nous avons la confirmation qu’un traitement de 12 semaines est suffisant pour induire une viro suppression chez la très grande majorité des patients », se réjouit le Pr Pol.
Ces résultats indiquent-ils que la ribavirine devrait être prescrite systématiquement ? « C’est un choix politico-économique, répond le Pr Pol, mon choix est que le plus de patients possible soient traités pendant 12 semaines par sofosbuvir+daclatasvir+ribavirine pour doubler le nombre de patients traités et guéris, avec une même enveloppe de 700 millions d’euros. » Les chercheurs de la cohorte HEPATHER vont s’atteler à l’évaluation des médicaments mis récemment sur le marché (Harvoni de Gilead, Viekirax et Exviera d’AbbVie). Compte tenu de leurs AMM récentes, de tels résultats ne devraient pas être communiqués avant juin ou septembre.
95 % d’efficacité chez les patients transplantés.
Pour sa part, le Pr Georges-Philippe Pageaux du service d’hépato-gastroentérologie du CHU Saint-Eloi (Montpellier) a présenté les résultats de la cohorte CUPILT sur l’efficacité virologique des AAD chez les patients souffrant de récidive du VHC après une transplantation hépatique. L’analyse a concerné 130 patients traités par une combinaison de sofosbuvir et de daclatasvir pendant 12 ou 24 semaines. Douze semaines après l’arrêt de traitement, 96 % des patients présentent une charge virale du VHC indétectable avec seulement 2 échecs virologiques. Des effets secondaires sérieux, principalement au niveau hématologique, sont survenus chez 23 % des patients. Aucune interaction avec les immunosuppresseurs n’a été observée mais une surveillance reste indispensable. Selon une autre étude menée sur 65 patients de CUPILT dont l’état était plus grave (stade cirrhotique F4 ou pré cirrhotique F3), 95 % des patients présentent une charge virale indétectable quel que soit le traitement reçu (dans cette dernière étude, plusieurs combinaisons incluant différents AAD ont été évaluées).