« Je ne vois pas comment un pharmacien seul dans son officine peut envisager de s’en sortir face aux contraintes de temps que pose déjà son exercice et qu’accroîtront les évolutions de la profession. » Selon Laétitia Hible, président des Giphar, il semble difficile d’envisager la pharmacie ailleurs qu’au sein d’un groupement. Un point de vue partagé par Serge Carrier qui rappelle combien le métier de pharmacien devient de plus en plus complexe. Pas question pour le président de Pharmactiv d’exercer hors d’un groupement car « une partie du quotidien peut ainsi être déléguée à des spécialistes et le pharmacien se recentrer sur son cœur de métier ».
Vitale pour des TPE
Cette évolution semble d’ailleurs parfaitement en phase avec les représentants syndicaux de la profession, qui exercent eux-mêmes dans le cadre d’un groupement. Philippe Gaertner, président de la FSPF, considère ainsi que « la grande majorité des officinaux ont fait le choix d’appartenir à un groupement car il est essentiel aujourd’hui de mutualiser une partie de l’activité, telles que la formation, les achats ou encore les ressources humaines ». Une situation quasi-vitale pour des TPE (5,2 salariés en moyenne) et qui « n’est en rien synonyme de perte de liberté ».
Et Gilles Bonnefond d’enfoncer le clou : « Outre les quatre défis de sociétés - vieillissement de la population, développement des pathologies chroniques, sortie hospitalière et mise en place d’une politique de prévention - à relever, les pharmaciens vont devoir améliorer leurs négociations avec les laboratoires. Dès lors, pour le président de l’USPO, il est difficile d’imaginer un avenir hors d’un groupement. » Quant au vice-président de l’UNPF, Denis Trouillé, il confirme que « la défense de la profession passant par une élévation du niveau d’exigences et donc la mise en place de pharmaciens cliniciens, il ne sera plus possible d’exercer de manière isolée ».
Ce rôle de « facilitateur de l’exercice officinal » trouve un écho favorable chez les étudiants. Pour le président de l’ANEPF, Anthony Masclé « les groupements offrent un cadre d’exercice quasi idéal pour les futurs pharmaciens car ils leur permettent d’éviter l’écueil de l’individualisme et de la demi-mesure ».
Les services des groupements portent à la fois sur le dépistage, la prévention et l’accompagnement du patient. Donc hors du champ de la politique conventionnelle. À charge pour les officinaux de convaincre les complémentaires santé, voire le patient lui-même d’en assumer le coût. Une évolution indispensable pour permettre à l’officine de se distinguer des autres circuits de distribution, comme n’a cessé de le rappeler Lucien Bennatan tout au long de ce 25e congrès.