Thierry Chapusot, président de Welcoop :
compenser la diminution du nombre de médecins
« La journée de l’économie de l’officine est un événement important pour la profession car elle permet de rassembler les différents acteurs. À l’heure actuelle, où tout le monde a la tête dans le guidon, il est primordial d’avoir l’occasion de se rencontrer pour échanger. D’ailleurs ce que disait Paul Valérie - « un homme seul est en bien mauvaise compagnie » - n’a jamais été aussi vrai. Il est donc fondamental de pouvoir travailler en réseau afin d’identifier les compétences et les complémentarités, tant au niveau de la pharmacie que de la santé en général. Et cette journée permet à la fois d’aborder des sujets d’actualité, comme le prix des médicaments ou encore les marchés porteurs à l’officine et d’envisager des perspectives à moyen ou long terme tels que l’impact de la nano-médecine, ou du séquençage du génome. En clair de se poser les bonnes questions à cinq ou dix ans. Il n’est pas question pour autant de céder à la tentation du « French Bashing » car nous avons la chance de vivre dans un pays capable de mettre à notre disposition des moyens considérables pour préserver notre santé. Un certain nombre de points, telle que la gestion des flux mériteraient toutefois d’être améliorés. Au sein du groupe Welcoop, par exemple, nous travaillons sur l’innovation dans l’organisation et en particulier dans la prise en charge du malade. Face à une population vieillissante et dont la demande de soins augmente de manière exponentielle, il est primordial de pouvoir apporter des solutions à même de compenser la diminution du nombre de médecins. Car au-delà du rôle économique que jouent les syndicats, il est essentiel que les groupements s’occupent non seulement du back-office, mais aussi du front office. C’est dans cette perspective que la coopérative prendra prochainement la parole pour imaginer des solutions alternatives à l’isolement des personnes âgées et résoudre les problématiques de prévention, de dépistage, d’observance, d’iatrogénie médicamenteuse ou encore d’accompagnement thérapeutique des patients. À charge ensuite aux groupements de savoir nous solliciter… »
Pascal Louis, président du collectif des groupements (CNGPO) :
la structuration du réseau est une priorité
« Au-delà des inquiétudes que tout le monde partage sur l’économie de l’officine, cette journée a su démontrer combien il était urgent que la pharmacie dans son ensemble et les pharmaciens d’officine en particulier évoluent. Et vite, car il y a urgence à réorganiser économiquement l’officine. Or il ne saurait y avoir de nouveau modèle économique sans évolution du réseau. C’est la raison pour laquelle le collectif national des groupements de pharmaciens d’officines (CNGPO) va redemander à ce que le principe des pharmacies succursalistes puisse voir le jour. Outre son intérêt économique, cette évolution permettrait d’apporter une réponse à la demande d’ouverture du capital préconisée par Bercy, et procurerait de véritables moyens économiques à toute la profession. Cette restructuration du réseau offrirait par ailleurs la possibilité aux pharmaciens de répondre aux attentes exprimées par la ministre de la Santé sur l’accès aux soins. À condition, bien évidemment, que parallèlement une réorganisation pertinente des achats soit mise en place. Et la mobilisation de l’ensemble de la profession m’incite à penser qu’il y a désormais une réelle prise de conscience à évoluer dans ce sens ; quand bien même certains irréductibles continueraient à penser qu’ils peuvent s’en sortir seuls. J’ajouterai, pour être complet, que ces évolutions devront s’inscrire dans le cadre de coopérations interprofessionnelles seules à mêmes d’offrir une organisation des soins adaptée aux attentes des patients. »
Jean-Christophe Lauzeral, chargé des relations extérieures de Giropharm
laisser les groupements s’occuper des achats
« Je n’ai pas été véritablement surpris par l’édition 2014 de la journée de l’économie de l’officine, puisque tous les sujets qui font l’actualité de notre secteur d’activité ont été abordés. Et malheureusement les nouvelles qui ont été annoncées par les syndicats étaient à la hauteur de mes craintes. La succession de facteurs qui ont été expliqués par les représentants de la profession constitue un millefeuille particulièrement indigeste. Qu’il s’agisse des baisses de prix, des pressions exercées sur les médecins pour qu’ils lèvent le stylo, des conditions commerciales des laboratoires qui se rétrécissent, de la crise qui incite les consommateurs à être de plus en plus regardant, de l’endettement croissant des pharmaciens… tout concourt à conduire inexorablement la pharmacie française vers un contexte très difficile. Les difficultés de trésorerie auxquelles sont confrontées les officines et le nombre croissant de fermetures illustrent d’ailleurs parfaitement cette période compliquée. Pour autant il nous faut reconnaître que ce secteur de distribution n’est pas le plus à plaindre. Loin s’en faut ! Mais ces bouleversements sont très mal vécus car ils suivent une période faste où chacun des acteurs de la pharmacie vivait sur un petit nuage. Je crains fort que la situation n’empire encore à l’instar de ce que peut me laisser penser la lecture des bilans des 550 adhérents de Giropharm. Afin de les aider à passer ce cap difficile et à surmonter ces difficultés, nous mettons donc à leur disposition toute une palette d’outils notamment comptables. Nous avons ainsi fortement insisté sur la nécessité de distinguer le chiffre d’affaires, qui est le reflet de l’activité, de la marge commerciale et surtout de l’excédent brut d’exploitation (EBE) qui est le véritable marqueur de la rentabilité de l’officine. D’où la nécessité de disposer de véritables tableaux de bord, outils de pilotage seuls à même d’orienter objectivement l’activité. C’est pourquoi je souhaite également que les groupements bénéficient au plus vite d’une véritable délégation aux achats afin de permettre aux titulaires de disposer du temps nécessaire pour effectuer les nouvelles missions. »