L'usage du cannabis thérapeutique en oncologie présenterait des risques, selon certaines études évoquées lors du Congrès mondial du cancer à Chicago. Dans certains cas, Il diminuerait l'efficacité de la chimiothérapie.
S'il soulage la douleur et agit sur d'autres symptômes, le cannabis thérapeutique n'aurait pas que des bénéfices pour les personnes atteintes de cancer et qui suivent un traitement par chimiothérapie. Présents lors du Congrès mondial de l'American society of clinical oncology (ASCO) le 2 juin, à Chicago, des experts canadiens et américains ont voulu alerter sur le sujet alors que l'usage du cannabis en oncologie concerne de plus en plus de patients à travers le monde. Le médecin canadien Claude Cyr a notamment rappelé qu'il manquait « des preuves sur son efficacité dans chaque situation ». Chercheur sur ce sujet pour l'université McGill, il estime la situation « confuse » et regrette que l'on « ne sache pas grand-chose sur les effets secondaires ». Devant des cancérologues venus des quatre coins du globe, Claude Cyr a évoqué de récents travaux montrant les conséquences néfastes de l'usage du cannabis thérapeutique. « Des études démontrent que dans certains cas cela pourrait faire augmenter la taille des tumeurs. »
Si ces études restent à confirmer, le Dr Cyr et ses confrères appellent à la prudence concernant l'usage du cannabis thérapeutique alors que l'on découvre au fur et à mesure ses interactions avec d'autres traitements anticancéreux.
Alors qu'un comité doit se prononcer dans quelques semaines sur le lancement d'une expérimentation en France, le cannabis médical est déjà autorisé depuis plus de 10 ans au Canada. À l’heure actuelle, peu de cancérologues canadiens le prescrivent faute d'avoir un produit standardisé dont les effets seraient parfaitement connus. « Dans les pays où il est déjà autorisé, le cannabis médical est prescrit de façon un peu intuitive, sans trop savoir quelle dose et quel type de plante donner selon chaque situation », précise ainsi le Dr Audrey Lebel, oncologue à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil et présente à Chicago. « Le cannabis est probablement l’une des seules substances qui peut réduire une multitude de symptômes : la douleur, l’insomnie, l’anxiété, la dépression, les nausées, l’anorexie mais plus cela avance, plus on comprend qu'il n’est pas aussi anodin que cela », conclut le Dr Cyr.