LE CONGRÈS proprement dit a été dominé par les débats financiers. À l’heure où l’assurance-maladie allemande continue d’engranger des bénéfices qui font pâlir d’envie ses voisins européens - le montant total des réserves pourrait atteindre les 25 milliards d’euros à la fin de l’année - les pharmacies continuent de subir les effets de la rigueur. Les officinaux, qui réclamaient depuis des mois une augmentation substantielle de leur honoraire de délivrance bloqué à 8,10 euros par boîte depuis 2004, verront ce dernier progresser de 25 centimes le 1er janvier prochain, un « mieux que rien » jugé toutefois très insuffisant par la profession. Il correspond en effet à une augmentation de 3,1 % sur 9 ans, soit une moyenne de 0,3 par an, bien loin de compenser les augmentations des coûts et des frais, si bien que le revenu net des pharmaciens baisse d’année en année. Les syndicats annoncent qu’ils ne se satisferont pas de cette augmentation, et envisagent de nouvelles actions, après les petites grèves perlées menées en septembre. Ils sont d’autant plus poussés à réagir qu’un nombre croissant de pharmaciens les juge trop conciliants et que des coordinations tentent de se mettre en place sur ce thème. L’association fédérale des pharmaciens (ABDA) qui réunit les syndicats et les Ordres régionaux, est, elle aussi, de plus en plus souvent critiquée pour sa combativité parfois jugée insuffisante.
Un forfait de 200 euros par garde.
L’ABDA a par contre salué la décision du gouvernement de remplacer le supplément de délivrance de nuit et de jours fériés de 2,50 euros par boîte par un forfait de 200 euros par garde de nuit et de jour férié. Ce forfait renforcera l’économie des petites officines situées loin des grandes villes et qui, de ce fait, font beaucoup de gardes mais délivrent relativement peu de médicaments. Ainsi, par exemple, une petite officine rurale effectuant 73 gardes par an verra son revenu progresser de 1 217 euros par mois, quelque que soit le nombre de médicaments délivrés, alors qu’une pharmacie de grande ville, qui ne fait qu’une garde par mois mais vend beaucoup la nuit, ne gagnera que 223 euros avec le nouveau système.
Mais, au-delà de l’honoraire et du forfait, les pharmaciens négocient aussi avec l’assurance-maladie le montant du « rabais aux caisses » qu’ils devront consentir en 2013 à ces dernières lorsqu’ils délivrent des médicaments aux assurés des caisses publiques, c’est-à-dire plus de 80 % des patients. Ce rabais, qui oscille selon les années entre 1,75 et 2 euros, était passé à 2,30 euros en 2007-2008 avant de redescendre à 1,75 euro les deux années suivantes, pour remonter à 2,05 euros en 2011/2012. Il devrait logiquement redescendre à 1,75 euro en 2013, au vu des bons résultats de l’assurance-maladie. Mais le combat n’est pas gagné d’avance, et les pharmaciens bataillent activement sur ce sujet, une décision devant être prise avant la fin de l’année.
Une fermeture par jour.
L’ABDA souligne que l’économie des pharmacies reste très fragilisée par la crise économique et par les mesures de rigueur du gouvernement. Le nombre de fermetures continue d’ailleurs de progresser, et la barre des 21 000 officines vient d’être franchie… dans le mauvais sens, avec 20 922 officines, soit à peine 20 de plus qu’en 1994. Actuellement, rappelle l’ABDA, une pharmacie ferme chaque jour ouvrable en Allemagne, soit 300 par an ou 6 par semaine. Le nombre maximum d’officines avait été atteint en 2008 avec 21 600 pharmacies, et les fermetures se sont fortement accélérées depuis 2011. Un nombre croissant de pharmaciens estime d’ailleurs que l’ABDA est trop « conciliante » dans ses négociations.