Gastro-entérologue, directeur général d’Astellas France, président du Leem de 2013 à 2018, co-président de la commission innovation au MEDEF, Patrick Errard publie son 4e ouvrage. Le défi ? Expliquer de façon claire et simple les enjeux de santé et la régulation économique du système de soins français. Pour poser le contexte, il commence par « ces nuits-là », celles qu’il aimait tant lorsqu’il prenait sa garde à l’hôpital Delafontaine, en Seine-Saint-Denis, où il a exercé de 1985 à 1989. Après, c’est le virage vers l’industrie pharmaceutique. Pourtant, trente ans plus tard, il lui arrive encore de rêver qu’il est de garde, dans ce pyjama de bloc « vert n’importe quoi », dans ces sabots blancs claquant sur les dalles, le bip vibrant au fond de la poche de blouse.
L’écriture est efficace. Patrick Errard a prévenu : il emmène son lecteur en promenade dans l’univers complexe de la santé et s’arrête en chemin : un stop sur la planète innovation, un autre sur l’étoile de l’intelligence artificielle, et d’autres encore pour faire connaissance avec le modèle économique, le politique, l’État, les médias, les médecins, les patients, les lanceurs d’alerte, les « scandales et autres affaires », les médicaments, l’éthique…
Madame Santé
Pour rendre ces thèmes complexes accessibles « au plus grand nombre », Patrick Errard utilise « le bon sens » et les comparaisons imagées. Qui donc aurait pensé à comparer l’innovation médicale avec la température ressentie annoncée par un Monsieur Météo ? Qui mieux que l’ex-patron du LEEM pour plaider la présomption « d’innovance » d’un médicament sur le modèle de la présomption d’innocence en justice ? Qui d’autre pour faire du développement d’une tumeur une bataille rangée entre l’armée de tueuses protectrices (les lymphocytes) chargées de missiles et les cellules cancéreuses équipées d’antimissiles, parfois capables de revoir leur stratégie guerrière pour se redéployer ailleurs et autrement.
C’est avec une métaphore filée originale que l’auteur présente « Madame Santé, qui habite la France, un quartier assez huppé de la planète Terre », dont le médecin traitant est situé « avenue de Ségur dans un coin tranquille de la capitale ». Un « excellent généraliste » au demeurant, qui n’hésite pas à solliciter des spécialistes en cas de « maux un peu plus chroniques et sérieux, du style économie déficitaire aiguë, crise sanitaire ou descente d’organes hospitaliers » en se tournant vers une foule d’acronymes : DSS, DGS, HAS… Madame Santé « se plaint de douleurs articulaires : elle marche moins bien, elle a mal au portefeuille quand elle avance (…) Les médecins lui donnent des ballonnements, les pharmaciens lui font faire de l’anémie, les hôpitaux la constipent, si fait que la rate se dilate ! Quant aux médicaments, ils ne font rien, pire, ils lui coûtent ! » Suivent le diagnostic du Dr Errard, et son ordonnance.
« Une Belle Promenade de santé, comprendre la santé d’aujourd’hui et de demain », de Patrick Errard, éd. L’Harmattan, 295 pages, 25 euros