LA SCLÉROSE EN PLAQUES (SEP) affecte 60 000 à 65 000 personnes en France. Un patient sur deux ressent une gêne ambulatoire après huit ans d’évolution et utilisera un fauteuil roulant après trente ans. C’est dans ce contexte que s’insèrent la découverte et le développement du natalizumab, qui permet une nouvelle approche thérapeutique. Le natalizumab est un anticorps monoclonal humanisé dirigé contre l’alpha 4-intégrine, un récepteur présent à la surface des lymphocytes. Normalement, les intégrines interagissent avec des récepteurs de type VCAM-1 (Vascular-Cell Adhesion Molecule-1) présents à la surface des cellules endothéliales. Le natalizumab empêche ces interactions et entrave ainsi la migration des lymphocytes dans le système nerveux central à travers la barrière hémato-encéphalique. Cela aurait pour effet de diminuer l’activité inflammatoire cérébrale et d’inhiber le recrutement ultérieur des cellules immunitaires. Or ces phénomènes sont à l’origine de l’extension des lésions de la SEP.
Un risque de handicap divisé par deux.
L’efficacité du natalizumab a été montrée dans plusieurs études. En particulier, l’étude AFFIRM (Natalizumab Safety and Efficacy in Relapsing-Remitting MS) avait pour objectif d’évaluer l’efficacité et la tolérance du natalizumab à la dose de 300 mg administrés par voie veineuse toutes les quatre semaines en monothérapie chez des patients présentant une SEP rémittente qui ont été suivis pendant deux ans (1). Cette étude de phase III, multicentrique, randomisée en double insu contre placebo, a porté sur 942 patients ayant une SEP rémittente avec au moins une poussée clinique dans l’année précédente et un score EDSS entre 0 et 5. Une réduction de 81 % du taux annualisé de poussées à deux ans a été obtenue par comparaison avec le placebo. Le natalizumab a permis de diviser par deux le risque de progression du handicap par rapport au placebo et a permis, chez certains patients, d’obtenir une réelle amélioration de leur handicap. Le natalizumab a également permis d’obtenir une rémission de l’activité de la maladie chez certains patients. Le profil de tolérance du natalizumab est bon. Le produit est administré en une perfusion veineuse toutes les quatre semaines en milieu hospitalier. Cela permet un suivi régulier du patient et favorise sa bonne utilisation. La Food and Drug Administration a accordé au produit une autorisation de mise sur le marché accélérée en 2004, mais deux cas de leucoencéphalopathie multifocale progressive sont apparus. Le produit a alors été l’objet d’une réévaluation par des experts indépendants. Celle-ci s’est concrétisée en 2006 par l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché aux États-Unis et en Europe, puis en France. Le natalizumab est indiqué dans le traitement de fond des formes de SEP rémittentes très actives répondant insuffisamment aux autres traitements ainsi qu’aux formes de SEP rémittente d’évolution rapide.
Comme pour tout nouveau produit, un plan de gestion de risque (PGR) a été mis en place pour assurer le bon usage et la sécurité d’emploi du natalizumab. Fin mars 2009, plus de 52 000 malades ont été traités. L’incidence de la leucoencéphalopathie multifocale progressive a été de 1,2/10 000, incidence inférieure à celle des essais cliniques. Par ailleurs, une étude bibliographique récente (jusqu’à mars 2009) confirme l’ensemble des résultats précédemment décrits.