Si les pharmaciens sont de plus en plus nombreux à mener des programmes de prévention et de suivi, leur évaluation n’est pas toujours facile à réaliser. Une étude britannique coordonnée par l’université de Bath, et portant sur 40 000 patients bénéficiant de 116 programmes de suivi par des pharmaciens, a montré l’efficacité de ceux-ci en matière de diminution de la tension artérielle et de la glycémie, avec des résultats nettement meilleurs chez les patients suivis que chez les autres.
L’hémoglobine glyquée (HbA1C) des patients suivis par des pharmaciens était en moyenne inférieure de 0,8 %, et leur pression artérielle était inférieure de 5 mg à celle des patients non suivis, a montré cette synthèse. Par contre, il est plus difficile de quantifier l’impact des programmes de suivi sur les hospitalisations et sur la mortalité générale des patients, même si les évolutions semblent positives, a estimé le Pr Margaret Watson en présentant l’ensemble de ces données lors du congrès de la Fédération internationale pharmaceutique (FIP) à Glasgow. Ces résultats confirment, dans tous les cas, l’intérêt pour les services de santé « d’investir dans les pharmaciens », une réalité qui reste toutefois soumise à l’organisation même du financement de la santé dans chaque pays. Si les pharmaciens, notamment britanniques, bénéficient d’une rémunération pour ce type d’actions, à travers des capitations, cela est loin d’être le cas partout.
Détermination
De même, il existe de nombreux programmes de dépistage en officine à travers le monde, mais leur pérennité n’est pas toujours assurée, en dépit de leur intérêt médical évident. En Suède par exemple, la chaîne de pharmacies Apoteket a lancé un programme intitulé « Vérifiez la santé de votre cœur à la pharmacie », et a proposé, pendant 7 ans, de véritables « consultations » sur ce thème, d’une durée de 40 minutes, avec prise de tension, mesures de la glycémie et mesure de la taille abdominale. Ces dépistages ont révélé plus d’un tiers de mesures dépassant les normes admises, et environ 10 % des patients dépistés ont été invités à consulter des médecins. Toutefois, la chaîne a récemment mis un terme à ce programme, n’ayant toujours pas obtenu d’aides publiques pour le poursuivre. Rappelons par ailleurs que les pharmaciens de plusieurs départements français ont, l’an dernier, mené un programme expérimental de dépistage du diabète en officine, appelé à se renouveler.
Les échanges organisés à la FIP autour des nouvelles missions des pharmaciens à travers le monde permettent à tous les participants (autour de 3 000 cette année) de s’inspirer d’exemples découverts sur place pour les expérimenter ensuite chez eux. Comme l’a d’ailleurs rappelé la présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, Carine Wolf-Thal, « de nombreuses priorités émises par l’Ordre en matière de qualité et d’innovation ont été inspirées par la FIP ». C’est notamment le cas pour la réflexion sur les prescriptions pharmaceutiques en urgence ou les campagnes de vaccination, « un succès inspiré par des expériences étrangères ».
Les pays anglo-saxons, ainsi que la Suisse et le Portugal, ont en effet été les premiers à développer cette activité dans leurs pharmacies, et l’Espagne et le Japon souhaitent maintenant les y rejoindre. De plus, a-t-elle ajouté, « l’expérience française des vaccinations en officine montre que quand les pharmaciens se mobilisent vraiment pour la santé publique, ils parviennent à concrétiser leurs objectifs : il y a deux ans encore, peu de gens croyaient à la réussite de ce programme en France, alors qu’il est aujourd’hui salué et plébiscité ». Partout à travers le monde, ces succès pharmaceutiques passent par la détermination de la profession.