« CHAQUE CELLULE est une usine qui produit et exporte des molécules. » Oui, mais comment fait-elle ? Il a fallu le travail de trois cerveaux pour résoudre cette énigme.
Les vésicules sont partout. Une fois produites par les organelles cellulaires, les hormones, neurotransmetteurs, cytokines et enzymes doivent être délivrés à d’autres compartiments intracellulaires ou exportés à l’extérieur de celle-ci.
Les trois lauréats du prix Nobel 2013, décerné ce lundi 7 octobre, ont découvert les principes moléculaires qui gouvernent la délivrance en temps, en heure et à la bonne place des micro-charges portées par les vésicules.
Randy Scheckman a mis au jour un ensemble de gènes qui sont nécessaires au trafic vésiculaire. James Rothman a décrypté la machinerie moléculaire qui permet la fusion de la vésicule à la membrane cible et le passage de la charge vésiculaire. Et Thomas Südhof a révélé quels signaux déclenchent la libération de la charge par la vésicule elle-même.
Ce mécanisme de communication de base en biologie cellulaire intéresse à peu près tous les processus physiologiques. En endocrinologie : par exemple l’insuline synthétisée à l’intérieur du pancréas est libérée dans le sang ; en neurologie : les neuromédiateurs fabriqués par les neurones sont libérés dans l’espace synaptique. Et dans le très vaste domaine de l’immunologie.
Et les perturbations du trafic vésiculaire peuvent être présents dans une grande variété d’états pathologiques, des maladies neurologiques, jusqu’au diabète en passant par des désordres immunitaires. Mais aussi en infectiologie, quand les bactéries produisent des toxines, comme dans le tétanos. Le phénomène est en jeu lorsqu’en thérapeutique, les toxines botuliques vont être utilisées pour relâcher une tension musculaire chez un enfant souffrant de paralysie spastique.
Cette découverte fondamentale a permis d’expliquer et de comprendre beaucoup de choses, et a donné lieu à des moyens diagnostiques. Mais elle n’a à proprement parlé donné lieu à aucune thérapeutique.