JEAN-LUC DELMAS a été élu président de l’Académie nationale de Pharmacie le 6 janvier. Lors de la séance solennelle d’ouverture de l’année académique, qui s’est tenue le lendemain et durant laquelle a été présenté le nouveau bureau, le président a abordé sa vision du pharmacien de 2015, ainsi que les sujets sur lesquels l’Académie de Pharmacie devrait travailler cette année.
Pour Jean-Luc Delmas, les missions du pharmacien ne feront que s’étendre avec le temps, et notamment, son rôle d’acteur de santé publique sera renforcé. Ainsi, le pharmacien s’engagera de plus en plus dans la prévention chez le patient sain, dans l’amélioration de l’observance des traitements, et l’officine tendra vers un modèle de perfection, dans lequel l’aspect commercial sera progressivement gommé.
Encourager la prévention.
Première mission officinale à encourager : la prévention chez le patient sain. Avec notamment, dans les grandes lignes : « la détection précoce de pathologies chez l’enfant, le suivi du calendrier des vaccinations, la prise en compte de signes même anodins à tous les âges de la vie, les conseils pour l’hygiène et l’alimentation », détaille Jean-Luc Delmas. Aussi, « il faudra regarder - avec prudence de mise - l’accès personnalisé du pharmacien officinal à la pratique de certaines vaccinations », évoque-t-il, en ajoutant qu’« une étude internationale nous démontrera l’augmentation du taux de couverture vaccinale dans les pays où les pharmaciens ont un accès partiel à cette prestation, alors que les autres professionnels de santé ont maintenu leur nombre d’actes ».
Améliorer l’observance.
Autre préoccupation des officinaux de demain : veiller à la bonne observance des traitements par les patients, notamment les personnes âgées polymédiquées. Rappelons que seulement 52 % des patients prennent bien le traitement antiostéoporotique… et 13 %, leur traitement antiasthmatique.
Parmi les autres sujets abordés, Jean Luc Delmas regrette que, en ce qui concerne la pharmacovigilance, le pharmacien soit malheureusement aujourd’hui peu déclarant, alors qu’il devrait être un acteur majeur dans ce domaine.
Par ailleurs, en matière de prospective, l’Académie se positionnera cette année sur les dispositifs de santé connectés afin que le pharmacien fasse lui aussi partie du circuit des informations échangées. « Je suis persuadé que des officines desservant des zones à faible couverture médicale pourront héberger des installations périphériques de télédiagnostic », avance Jean-Luc Delmas.
Enfin, le vœu formulé par le président est que les officines de France tendent vers un « modèle de perfection, de sorte que ceux qui disent que cet exercice est trop commercial puissent être aisément contredits » : ce qui passe par une sobriété des locaux d’exercice, l’affichage de messages sanitaires en vitrine au lieu d’offres commerciales, etc. « On voit cette tendance s’amorcer, espérons qu’elle se généralise vite », conclut Jean-Luc Delmas.