LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Que faudrait-il retenir des résultats 2014 de ce baromètre ?
LUCIEN BENNATAN.- Outre que deux Français sur trois se déclarent prêts à acheter leurs médicaments en GMS, il me semble important de retenir deux points cette année : l’adhésion des consommateurs aux consultations en officine progresse de huit points pour atteindre le seuil des 70 % ; et, à 67 %, ils se déclarent prêts à acheter un pack produits/services. Autant de sujets sur lesquels nous reviendrons pendant le congrès de PHR qui aura par ailleurs comme thèmes centraux : mieux défendre son périmètre et progresser vers un nouveau métier.
Quel est l’intérêt de ce baromètre annuel ?
Les raisons sont multiples. Ce baromètre permet à la fois de mesurer et d’analyser, d’anticiper et de prévoir l’organisation de l’officine de demain. Sans oublier, bien évidemment, l’intérêt que représentent des éléments factuels dans le cadre des discussions que nous pourrions avoir avec des institutionnels et autres décisionnaires. Dans cette triple perspective, plutôt que de se répéter des vérités entre nous, il nous a semblé nécessaire de recueillir le sentiment du grand public. Le groupement que je préside a donc sondé les Français pour mesurer leurs attentes et mieux comprendre leur perception de l’évolution du système de santé et de la place que le pharmacien y occupe.
Et pour la profession ?
Ce laboratoire d’idée est incontestablement l’occasion de faire avancer la réflexion. Car il faut désormais sortir de l’autosatisfaction et ne plus se contenter du fait que 95 % des Français font confiance à leur médecin ou à leur pharmacien. Il est indispensable désormais de s’inscrire dans une démarche offensive et beaucoup plus prospective. Il n’est plus possible, par exemple, d’ignorer le phénomène Internet, puisque 77 % des Français déclarent aujourd’hui savoir que des médicaments peuvent être achetés sur la Toile et que 25 % se déclarent prêts à franchir le pas. Dès lors, la politique de l’autruche, qui consiste à dire que « ce n’est pas bien » ne peut constituer une réponse satisfaisante. Il faut prendre le taureau par les cornes et aller au-delà du seul risque que représentent les médicaments contrefaits pour tenter de comprendre comment il faut surfer sur la vague de la e-santé.
Sur quels autres axes travaillez-vous ?
Outre la e-santé qui représente un enjeu central, depuis cinq ans maintenant, nous essayons de cerner au mieux l’intérêt que les services proposés en officine représentent pour nos concitoyens. Dans la mesure où la préparation de doses administrées (PDA) est sollicitée à 85 %, que des solutions au maintien à domicile (MAD) le sont à 80 % ou encore que la livraison de médicaments concentre 78 % des attentes, il apparaît clairement que ces services représentent de réelles opportunités pour la profession. Et une enseigne désireuse de répondre aux attentes des patients-consommateurs doit s’y intéresser. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait, dès 2010, en mettant à disposition des diététiciennes à l’officine. Mais encore fallait-il mesurer le taux de satisfaction et le niveau d’attente.