ON REPROCHE parfois à Marisol Touraine de bouder la profession. C’est de moins en moins vrai. Comme pour les 25e Journée de l’Ordre des pharmaciens en novembre dernier, la ministre de la Santé a, en effet, répondu présente au salon Pharmagora 2013 qui s’est tenu ce week-end à la porte de Versailles, à Paris. Pas de grands discours, mais un jeu de questions-réponses auquel la ministre s’est prêtée avec aisance. L’occasion pour elle de préciser ses récentes décisions. À commencer par l’encadrement du commerce en ligne de médicaments, qui provoque encore des remous au sein de la profession (voir ci-dessous). « En autorisant la vente sur Internet, je n’ai fait que mettre en œuvre une directive européenne », rappelle la ministre de la Santé, qui explique que le principe de subsidiarité ne peut pas s’appliquer dans ce cas. Pas franchement favorable au commerce à distance de spécialités, elle affirme qu’elle a pris plusieurs dispositions pour réduire au minimum les conditions de cette vente.
Les tests VIH à l’officine.
La première, bien sûr, étant d’offrir cette possibilité seulement aux sites adossés à des officines de pierres et de mortier. Des sites qui seront déclarés conformes par arrêté ministériel. Dans le même esprit, les produits autorisés à la vente sont limités à ceux pouvant être placés devant le comptoir, soit uniquement 350 spécialités. Mais, « le conseil d’État a considéré que ma décision était trop restrictive », indique Marisol Touraine. Et de préciser qu’elle a, pour l’instant, maintenu la limitation initiale, mais qu’elle prendra acte de la décision définitive du Conseil d’État. Ce sont ainsi près de 4 000 médicaments qui pourraient se retrouver en vente sur la Toile. Un premier pas vers la commercialisation de spécialités dans les rayons de la grande distribution ? Non, affirme la ministre, qui veut « réaffirmer le rôle central des pharmacies dans le conseil auprès des patients ». Pour preuve, elle souhaite que les autotests de dépistage du VIH, qu’elle s’apprête à autoriser en France, soient disponibles dans les officines.
La fin de la vignette confirmée.
En ce qui concerne la vignette, la ministre a confirmé, devant les pharmaciens, sa suppression. « Il y a aujourd’hui un consensus pour considérer que la vignette peut disparaître », explique Marisol Touraine. Le code CIP à 13 caractères servira d’échanges entre les officines et l’assurance-maladie, et le prix ne sera plus présent sur les boîtes, mais sur une base de données embarquée sur le poste informatique, précise-t-elle. Une perspective qui ne devrait pas satisfaire les syndicats d’officinaux qui souhaitaient que cette information continue de figurer sur les emballages. Mais, tient à rassurer la ministre, en cas de changement de prix, un délai d’écoulement des stocks sera accordé, dont la durée est encore en discussion. Quant à la sensibilisation des patients au coût des traitements, elle sera renforcée, assure-t-elle, malgré la disparition de la vignette. L’objectif de la ministre est clair, le dispositif de substitution doit être « simple et pratique pour le pharmacien, clair et lisible pour le patient ».
Le décret sur les holdings dans les tuyaux.
Autre dossier qui devrait trouver une issue prochaine, le décret relatif au SEL et au SPF PL. En effet, Marisol Touraine indique que le texte, actuellement entre les mains des magistrats du Conseil d’État, devrait arriver sur son bureau pour signature, d’ici à la fin du mois d’avril. Un petit événement, car cela fait maintenant dix ans que la profession attend ce décret permettant d’encadrer précisément la création de holdings de pharmacies, même si ce type de montage est actuellement possible. Une trentaine de holdings auraient ainsi déjà vu le jour.
La ministre de la Santé se dit « optimiste » au sujet des négociations sur la nouvelle rémunération en cours avec l’assurance-maladie. « Les choses avancent », se félicite-t-elle. Sur l’objectif générique pour 2013, elle estime qu’il ne faut pas forcément aller plus haut en taux, mais avoir une réflexion sur le champ de la substitution. Quant à la restructuration du réseau, « il s’agit d’être très attentif à la présence de pharmaciens dans nos territoires », affirme Marisol Touraine. Elle ajoute : « J’ai demandé aux ARS de procéder à une étude précise pour identifier les secteurs où il pourrait y avoir des difficultés. » Plus généralement, la ministre de la Santé estime que les officinaux possèdent « un rôle central dans la réorganisation de notre système de santé ».