SEULES LES AFFECTIONS oculaires ne mettant pas en jeu le pronostic fonctionnel de l’œil peuvent bénéficier d’un conseil à l’officine.
Quelle que soit la demande, trois questions doivent être obligatoirement posées afin de rechercher les signes de gravité et d’urgence : ressentez-vous une vive douleur, voyez-vous aussi bien et la lumière vous gêne-t-elle ? Si la réponse est positive à l’une de ces questions, une consultation ophtalmologique s’impose.
Les conjonctivites infectieuses : comment les reconnaître et les traiter ?
Les conjonctivites sont la principale cause d’un œil rouge (la conjonctive est richement vascularisée), non douloureux (la conjonctive est peu innervée). Elles peuvent s’accompagner de sécrétions et/ou de larmes, mais l’acuité visuelle est conservée car la conjonctive est translucide.
La conjonctivite virale est très fréquente du fait de sa très grande contagiosité.
La conjonctivite virale se transmet par des gouttelettes et une inoculation main-œil. La période d’incubation est de 5 à 10 jours et les symptômes peuvent durer de 1 à 6 semaines (évolution lente). Le principal responsable est l’adénovirus ou les virus à l’origine des épisodes de viroses hivernales (rhume, angine dans les jours précédents l’atteinte oculaire). L’atteinte est souvent bilatérale. En plus des symptômes communs aux conjonctivites, on retrouve un œdème palpébral, une sensation de grain de sable dans les yeux et un larmoiement clair abondant.
La conjonctivite bactérienne représente 1/3 des conjonctivites infectieuses.
La conjonctivite bactérienne est moins contagieuse que la virale. Les yeux sont collés le matin, avec des sécrétions purulentes dans les yeux et sur les cils. Les germes en cause sont principalement des gram + : streptocoques, pneumocoques, staphylocoques.
La fièvre est généralement absente et doit conduire chez le jeune enfant, le cas échéant, à une consultation médicale (risque d’otite à Hemophilus).
En fait, que la conjonctivite soit d’origine virale ou bactérienne, le traitement conseillé repose sur le même schéma, avec les indispensables mesures d’hygiène (se laver les mains, surtout si virale).
Le lavage oculaire est indispensable pour nettoyer les éventuelles sécrétions, éliminer mécaniquement les germes, soulager les yeux et pour éviter la neutralisation du collyre traitant par les débris organiques et le pus. Au choix : borax/acide borique, acide salicylique ou chlorure de sodium. Les formes unidoses sont à privilégier car sans conservateurs allergisants.
Un collyre antiseptique sans vasoconstricteur peut ensuite être instillé à raison de 1 à 2 gouttes dans chaque œil au moins 4 fois par jour pour assurer une bonne couverture antiseptique toute la journée. La durée du traitement doit couvrir la phase aiguë de la conjonctivite et être en moyenne de 7 à 10 jours.
La conjonctivite allergique
La conjonctivite allergique (saisonnière ou perannuelle) associe trois symptômes bilatéraux : un larmoiement clair, une rougeur et un prurit.
Le traitement repose sur l’éviction de l’allergène (si possible), le lavage oculaire, l’instillation de collyres antiallergiques et la prise d’antihistaminique per os. Le lavage oculaire doit être abondant, 1 à 4 fois par jour pour diluer les médiateurs de l’inflammation, les allergènes… Les collyres antiallergiques enrayent la réaction allergique par inhibition de la dégranulation mastocytaire en empêchant la libération d’histamine (cromoglycate de sodium, acide N-A glutamique, lodoxamine…). Présentant une action préventive et curative, ils permettent d’éviter le recours aux corticoïdes. Ils sont à administrer 4 à 6 fois par jour dans les 2 yeux pendant la période pollinique. Un collyre antihistaminique à base de levocabastine peut aussi être utilisé (durée limitée à 5 jours). En cas de signes cliniques importants, on peut associer un antihistaminique per os (cetirizine, loratadine…)