DIX MILLIONS de plus de 65 ans en France en 2010. L’enjeu est de taille et le ministère de l’Industrie s’emploie depuis plusieurs années à soutenir le secteur des technologies pour l’autonomie, qui ouvre des perspectives de marché, comme on l’a rappelé lors d’une journée organisée à Bercy*. Le Centre d’analyse stratégique publie opportunément une note à ce sujet**.
Premier point : en favorisant le maintien à domicile, les technologies répondent aux aspirations des Français, qui sont 80 % à préférer rester chez eux. Le maintien à domicile lui-même est un enjeu économique, puisqu’il pèse a priori moins sur les budgets publics et que repousser l’entrée en institution de quelques années permettrait de limiter d’autant les besoins en capacité d’accueil.
Le document distingue six types d’aide :
– des dispositifs de rappel de tâches et de stimulation pour les personnes souffrant de déficiences cognitives ;
– les aides techniques pour la motricité, c’est-à-dire les aménagements du fauteuil roulant ;
– les technologies d’interface (prothèse auditive aussi bien qu’interface simplifiée d’ordinateur) ;
– les outils de communication spécifiques, qui comprennent des dispositifs embarqués sur la personne et communicants ;
– la domotique pour aménager le domicile avec des télécommandes, des capteurs, etc. ;
– la robotique d’assistance à la marche, à la préhension d’objets ou les robots de compagnie.
En France, souligne la note, les projets et les expérimentations foisonnent, alors que les offres opérationnelles restent rares. Certains prototypes se révèlent peu utiles en pratique ou mal adaptés. Le tissu industriel est faible, avec de petites, voire de très petites entreprises. À la croisée du social et du médical, ces outils se prêtent mal à l’évaluation des services médicaux rendus, mais la création du CNR Santé, Centre national de référence santé à domicile et autonomie, devrait permettre d’obtenir des éléments de preuve.
Il ne faut pas éluder les problèmes d’éthique : géolocalisation et vidéosurveillance peuvent faire peser des menaces sur la liberté individuelle. Les critiques portent aussi sur la déshumanisation des rapports soignants-malades avec la robotique, mais cela pourrait conduire à une revalorisation des métiers d’aide à la personne.
Au fond, il faudrait organiser dès à présent la vie collective en fonction du vieillissement de la population. Prendre en compte la diversité des situations possibles dès la construction d’un logement plutôt que l’adapter et proposer des produits utilisables par le plus grand nombre (« Design for all »). Comme on le fait dans les pays nordiques. Quant aux réticences pour la technique, elles devraient diminuer avec l’arrivée des nouvelles générations, plus à l’aise avec les nouvelles technologies.
** Note de veille n° 158 du Centre d’analyse stratégique du Premier ministre, décembre 2009.