Santé auditive des 15-17

Smartphone : alerte aux ados addicts

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Publié le 09/03/2017
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Le smartphone est l'objet connecté le plus présent dans le quotidien des Français. L'écoute de la musique en est l'une des utilisations principales. À l'occasion de la 20e journée nationale de l'audition (JNA), le collectif des experts scientifiques veut alerter sur les risques de cette pratique sur la santé auditive, surtout chez les adolescents.
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Crédit photo : phanie

Durant vingt ans la vocation et la priorité de l'association JNA ont été de sortir l'audition du silence, de faire comprendre que la surdité n'est ni une fatalité ni une banalité. Ses combats ont été multiples pour faire bouger les lignes.

« Pour les vingt ans à venir nos objectifs sont de dépasser le thème de la surdité pour se projeter vers l'audition en tant que facteur clé de l'équilibre de vie et de santé, annonce Jean-Luc Puel, président de l'association. Nous vivons dans un monde ou le tout connecté est inévitable, son impact sur l'audition est certain, faut-il pour autant se déconnecter des portables ? 75 % de la population possèdent un smartphone et sept Français que dix se sentiraient mal à l'idée d'oublier leur téléphone portable. Il faut apprendre à dominer son portable et non l'inverse. » Il s'agit de maîtriser son utilisation pour profiter du meilleur (tests auditifs à distance, suivi de santé, envoi d'alerte) en évitant le pire, surtout chez les plus jeunes qui utilisent le smartphone comme premier support pour écouter de la musique.

Le système auditif est fragile et il a besoin de répit. Dès l'âge de 20 ans les cellules sensorielles commencent à diminuer, elles continuent de se dégrader avec l'âge et ne sont jamais renouvelées. La durée d'exposition aux bruits et l'intensité sonore peuvent provoquer des lésions de façon insidieuse sur le long terme. « Chez les très jeunes, les troubles d'audition entraînent des difficultés d'apprentissage scolaire. L'enfant apprend, se concentre et mémorise plus difficilement. Il a du mal pour intégrer des informations orales dans des situations d'écoute compétitives, comme une salle de classe », rapporte le Pr Hung Thai Van ORL à l'hôpital Édouard Herriot à Lyon.

Les jeunes ne sont pas conscients des risques
Une enquête Ifop* pointe que c'est au sein de la population des 15-17 ans que les modes d'utilisation des smartphones sont les plus inquiétants pour leur audition. 100 % des adolescents en possèdent un et c'est chez eux que l'on repère la plus longue durée d'écoute de musique. Sept jeunes sur dix l'écoutent plus d'une heure par jour et 25 % plus de deux heures. La pratique démarre jeune : 87 % des 15-17 ans ont commencé entre 11 et 15 ans, contre 50 % pour les 18-24 ans. L'écoute se fait majoritairement avec des oreillettes pour 65 % d'entre eux contre 43 % pour l'ensemble du panel. La dangerosité se trouve majorée du fait de l'introduction des oreillettes dans le creux du conduit auditif. En revanche, les casques classiques ou équipés d'un réducteur de bruit sont moins utilisés (seuls 19 % des moins de 35 ans y ont recours dont 17 % des 15-17 ans et 22 % des 18-24 ans).

Même s'ils ont déjà ressenti des acouphènes, les jeunes n'ont pas conscience des risques (32 % des 15-17 ans). Le risque de lésions pour l'oreille est encore accru du fait que 91 % d'entre eux écoutent leur musique dans les transports publics, un lieu où l'environnement sonore est déjà très bruyant, ce qui oblige à augmenter le son. Un jeune sur quatre (26 % pour les 15-17 ans) reconnaît écouter la musique avec volume sonore élevé (au-dessus de 80 dB). Ce chiffre monte à 29 % pour les 18-24 ans. Plus conscients des risques pour la santé auditive, 86 % des plus de 35 ans se contentent d'un niveau modéré.

Plus préoccupant encore, le smartphone accompagne régulièrement les jeunes dans leur sommeil comme un doudou confortable qui conduit à un état de dépendance. Un jeune sur deux déclare s'endormir en écoutant la musique du portable.

* Enquête menée sur un panel de 1 200 Français âgés de 15 ans et plus.
D'après une conférence de presse de l'association JNA.

Christine Nicolet

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3332