Une étude, présentée aujourd’hui par le Dr Barbara Pistilli, oncologue à l’Institut Gustave Roussy, démontre que 16 % des patientes sous Tamoxifène ne suivent plus, ou insuffisamment, leur traitement au bout d’un an.
Une étude présentée le 19 octobre à l’occasion du Congrès européen d’oncologie (ESMO), à Munich, fait état d’un taux alarmant de femmes françaises atteintes d’un carcinome mammaire traité par Tamoxifène qui ne suivent pas, ou pas suffisamment, leur traitement un an après son initiation. Il s’agit de la première étude prospective évaluant par mesure de la concentration du Tamoxifène dans le sang la non-observance de l’hormonothérapie adjuvante chez les femmes non ménopausées atteintes d’un cancer du sein.
Cette étude, menée par le Dr Barbara Pistilli, oncologue à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif), repose sur 1 799 cas de femmes non ménopausées souffrant d’un carcinome mammaire, diagnostiqué précocement, et sous Tamoxifène. Leur observance au traitement a été mesurée par des données déclaratives, mais aussi par des prélèvements sérologiques. Résultat, 10,7 % de ces patientes ne présentaient aucune trace de Tamoxifène dans le sang un an après l’initiation du traitement. De même, chez 5,3 % autres femmes, le niveau de Tamoxifène dans le sang était inférieur à la concentration plateau (steady-state concentration) devant être atteinte après trois mois de prise. Or les données déclaratives démontraient que la moitié de ces patientes avaient passé sous silence le fait qu’elles ne prenaient plus régulièrement leur médicament.
Ces résultats sont d’autant plus préoccupants « qu’une mauvaise adhésion, c’est-à-dire en deçà de 80 % du traitement prescrit, peut être associée à une récidive et à un haut risque de mortalité », précise le Dr Pistilli, qui se dit surprise par ce taux élevé d’inobservance. « Les femmes souffrant d’un cancer du sein devraient être encouragées à discuter de leur traitement et de certains effets secondaires avec leur médecin dans le but de les aider à suivre leur thérapie », estime-t-elle.
Une deuxième étape de l’étude consistera à définir les raisons du manque d’observance des patientes. Il s’agira notamment d’identifier les patientes présentant des risques de non-adhésion au traitement. À noter que les patientes dont émanent ces résultats sont toutes issues de la cohorte de l’étude CANTO (CANcer TOxicities) de 12 000 patientes et dont l’objectif est de quantifier et de prévenir les toxicités chroniques liées aux traitements (chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie…).