Les sénateurs ont voté hier une version largement remaniée du projet de loi de santé adopté en première lecture par les députés. Les élus du palais du Luxembourg, majoritairement à droite, ont notamment supprimé la création du paquet de tabac neutre, que rejettent les buralistes, et le principe du tiers payant généralisé chez le médecin, que les praticiens refusent en bloc. Ils ont par ailleurs donné leur feu vert à l’expérimentation de salles de consommation de drogue à moindre risque (« salles de shoot »).
Quoi qu’il en soit, c’est l’Assemblée nationale (majoritairement à gauche) qui aura le dernier mot. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a d’ores et déjà indiqué qu’elle réintroduirait les mesures supprimées lors des débats devant les députés. « Je sais que les médecins sont inquiets, parfois très mécontents du tiers payant, mais nous mettons tout en place pour que toutes les garanties leur soient apportées », a-t-elle affirmé mardi matin sur France Inter. Elle ajoute : « Je voudrais qu’on juge sur pièces une fois que le système sera en place. Je fais le pari que quand il fonctionnera, il sera adopté. »
Le président de la République lui-même a tenu à rassurer le corps médical. Pour le chef de l’État, le tiers payant généralisé « ne pourra être fait que si les solutions techniques sont simples et permettent aux médecins d’avoir la garantie qu’ils seront payés de leurs actes dans un délai aussi court que possible ». « C’est la condition pour que ce système puisse être viable et accepté », a-t-il insisté, à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire de la Sécurité sociale à la Mutualité, précisant que cette généralisation de la dispense d’avance de frais dans les cabinets médicaux a été instaurée dans « presque tous les pays européens ».