Méningite à méningocoque B

Vers une évolution de la prise en charge vaccinale

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Publié le 13/05/2019
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À l’occasion de la Journée mondiale de Lutte contre la méningite, une enquête Harris confirme la quasi-unanimité des médecins face à l’urgence de sa prise en charge. Si un vaccin est autorisé depuis 2013, des freins à son utilisation persistent malgré un nouveau shéma simplifié.  Doit-on s’inspirer de l’expérience britannique ?
méningite

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Crédit photo : Phanie

Depuis 2016, la France est le premier pays européen, devant le Royaume-Uni, en termes de décès liés aux infections invasives à méningocoque (IIM) : 62 sur les 546 cas déclarés en 2017. Mortelle chez 5 à 10 % des patients (20 % en présence de purpura fulminans), la méningite à méningocoque est à l’origine de séquelles dans 20 à 30 % des cas.

« Les IIM sont 10 fois plus fréquentes chez les nourrissons que dans la population générale et pour le méningocoque B, c’est même 18 fois plus. On attend avec impatience de pouvoir vacciner ces enfants », relève le Dr Christophe Philippe, pédiatre à Saint-Malo. Il existe également deux autres pics de fréquence entre 15 et 24 ans et à partir de 85 ans.

Des freins à la vaccination

D’après une enquête Harris interactive réalisée en ligne début 2019 auprès de 150 médecins généralistes à tendance pédiatrique et 50 pédiatres, moins de 30 % des généralistes auraient conscience que le méningocoque B est le plus fréquent (responsable de 42 % des cas de méningites). Par contre, 95 % des médecins interrogés reconnaissent la nécessité d’une prise en charge urgente de l’infection et la quasi-totalité proposerait la vaccination chez les jeunes enfants si elle était recommandée et remboursée.

En effet, plus de 80 % des médecins estiment que le remboursement du vaccin et sa recommandation officielle sont les principaux leviers à l’acceptation de la vaccination par les parents. « Il faut un remboursement pour tous et l’absence d’obligation vaccinale ne doit pas être un frein à celui-ci », ajoute le Dr Philippe.

D’ailleurs, d’après une seconde enquête menée auprès de 1 018 Français adultes, 80 % des répondants seraient favorables à la vaccination si le médecin leur recommandait. Par contre, ils seraient 50 % à penser à tort que la méningite se diagnostique facilement et 41 % qu’elle se guérit aisément, révélant un manque d’information préoccupant sur la maladie. De plus, les trois quarts des généralistes plébiscitent également une meilleure information sur la vaccination.

Un nouveau schéma simplifié

Ciblant 4 antigènes distincts, le vaccin Bexsero permet une protection contre un large spectre de souches impliquées dans les IIM B. Depuis son autorisation de mise sur le marché (AMM) en 2013, il est indiqué pour l’immunisation active des enfants à partir de 2 mois contre l’IIM causée par Neisseria meningitidis de groupe B4. Le 7 juin 2018, un nouveau schéma vaccinal simplifié a été approuvé par la Commission européenne, suite aux résultats concluants des études.

En effet, l’immunogénicité du schéma en 2 doses de primovaccination et une dose de rappel (2+1) ont été comparables à celle du schéma initial (3+1). La persistance de la réponse immunitaire (à 24 et 36 mois) s’est également avérée équivalente entre les deux schémas vaccinaux, sans modification du profil de tolérance. Si le vaccin est aujourd’hui recommandé uniquement chez les sujets à risque élevé (asplénie, greffe de cellules-souches hématopoïétiques…), il peut néanmoins être prescrit à titre individuel et non remboursé chez chaque enfant de 2 mois et plus.

Une expérience britannique à suivre ?

Intégrée au calendrier vaccinal britannique depuis septembre 2015, la vaccination des nourrissons contre les IIM B comporte outre-manche deux doses à 2 et 4 mois (suivies d’un rappel à 12 mois), co-injectées avec les vaccins de routine. Après 20 mois et plus de 3 millions de doses administrées (1,29 million chez les nourrissons), les effets indésirables les plus fréquents étaient une réaction locale (41 %) et de la fièvre (40 %). En octobre 2018, après 2 ans de vaccination généralisée des nourrissons, la baisse du nombre de cas d’IIM B était de 72 % chez les jeunes enfants. Au cours de la troisième année, elle serait de 60 %. Au total, 250 cas d’IIM B auraient été prévenus ces 3 dernières années. Ainsi, même si les réalités médico-économiques sont à prendre en compte dans la prévention d’une infection rare, cette expérience pourrait peut-être inspirer les autorités de santé françaises…

D'après la conférence de presse organisée par le Laboratoire GSK.

Karelle Goutorbe

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3519