Il est connu qu’une infection peut décompenser des patients ayant un terrain athéromateux stable et provoquer un accident vasculaire cérébral (AVC). Mais dans quelle mesure ce risque est-il augmenté avec le Covid-19 par rapport à d’autres virus ? Une étude de cohorte rétrospective américaine apporte des éléments de réponse par rapport à la grippe dans le « JAMA Neurology ».
« Les précédentes études portant sur le risque d’AVC dans le cadre du Covid-19 se sont limitées à des rapports de cas uniques ou à des séries de cas », indique au « Quotidien » Alexander E. Merkler, neurologue à New York et premier auteur.*
Ici, l’équipe a comparé deux populations de patients pris en charge dans deux hôpitaux universitaires de New York : une cohorte de patients adultes ayant consulté aux urgences ou ayant été hospitalisés pour Covid-19 entre le 4 mars et le 2 mai 2020, et une cohorte de patients adultes ayant consulté aux urgences ou ayant été hospitalisés pour grippe A/B entre le 1er janvier 2016 et le 31 mai 2018. Dans les deux groupes, les infections ont été confirmées en laboratoire.
Parmi les 1 916 patients Covid-19, 31 ont eu un AVC ischémique, soit un taux de 1,6 %. Alors que parmi les 1 486 cas de grippe, ce taux était de 0,2 %, avec trois cas d’AVC rapportés. Le risque était ainsi plus élevé en cas d’infection Covid-19, et ce même après ajustement en fonction de l’âge, du sexe et de l’ethnie, avec un odds ratio de 7,6. Les analyses de sensibilité prenant en compte des facteurs de risque vasculaire, la symptomatologie virale et l’admission en unité de soins intensifs allaient également dans ce sens.
À noter que chez les patients Covid-19, dont l’âge médian est de 69 ans, l’AVC était le motif de la consultation dans 26 % des cas, il était survenu au cours de l’hospitalisation pour les autres patients. Par ailleurs, 35 % des AVC ischémiques ont été observés chez des patients présentant une forme grave de l’infection Covid-19, avec un besoin en ventilation mécanique. La mortalité des patients Covid était plus élevée en cas d’AVC ischémique, de l’ordre de 32 % versus 14 %.*
« Des efforts doivent être faits pour comprendre qui sont les patients à risque d’AVC ou d’autres complications thrombotiques comme l’infarctus du myocarde. Plus important encore, notre étude souligne l’importance de réduire la propagation de ce virus », conclut Alexander E. Merkler.
A Merkler et al. "JAMA Neurol". 2 juillet 2020. doi:10.1001/jamaneurol.2020.2730.