L’activité physique, promue en prévention par le PNNS et le plan Obésité et reconnue par la HAS comme thérapeutique non médicamenteuse, pourrait faire l’objet d’entretiens pharmaceutiques que la loi HPST accorde aux pharmaciens de conduire dans le cadre d’une démarche de santé publique. Mais la prescription d’activité physique n’est pas enseignée en faculté de pharmacie…
Le pharmacien d’officine, facile d’accès et connaissant bien sa patientèle, apparaît pourtant bien placé pour sensibiliser le public sur l’intérêt d’adopter un mode de vie moins sédentaire. Encore fallait-il le vérifier, chiffres à l’appui. Une étude pilote, de « preuve de concept », a ainsi été menée dans 11 officines réparties dans toute la France. Il s’agissait, plus précisément, d’évaluer l’efficacité d’une implication des pharmaciens dans la promotion de l’activité physique et sportive chez leurs clients porteurs de pathologies chroniques et de démontrer qu’une telle action d’information pouvait modifier les comportements à long terme de ces patients.
Les 604 patients majeurs inclus dans cette étude, baptisée Pharmaps**, devaient être enregistrés dans ces pharmacies depuis au moins trois mois pour des ordonnances permettant d’affirmer l’existence d’une maladie chronique : de la sphère pulmonaire (bronchodilatateurs, l’oxygénothérapie étant exclue), vasculaire (hypotenseurs, bêtabloquants exclus), ostéo-articulaire (traitement de l’ostéoporose) ou du métabolisme (hypoglycémiants et hypolipémiants). Puis répartis équitablement en deux groupes, « intervention » versus contrôle. Les équipes officinales, une fois formées, devaient fournir à chaque patient du groupe « intervention » un kit contenant un carnet d’informations et de suivi, avec des recommandations, un podomètre et une liste d’offres locales d’activités physiques et sportives, ainsi que des conseils pratiques et diététiques. Les patients de ce groupe bénéficiaient aussi d’entretiens pharmaceutiques dits motivationnels aux 1er, 3e et 6e mois au cours desquels étaient évoqués les repères nutritionnels du PNNS, en particulier ceux ayant trait à l’activité physique, et les documents INPES faisant la promotion de mobilités actives au quotidien (pour les déplacements, par exemple). Le pharmacien devait aussi chercher à identifier les freins et les leviers d’action pour inciter le patient à bouger et trouver avec lui l’activité physique ou sportive adaptée à ses goûts et ses contraintes, dans son environnement proche. Les niveaux d’activité, de sédentarité et de qualité de vie étaient évalués, à l’aide de questionnaires validés, au début de l’étude et au cours du dernier entretien pharmaceutique, au 12e mois.
+ 50 % d’activité physique
« Seulement 150 patients ont pu rester dans l’étude jusqu’au 12e mois mais les résultats obtenus à 1 an sont importants et significatifs, commente Xavier Schneider, pharmacien d’officine à Strasbourg, qui a participé activement à l’étude Pharmaps. Le groupe « exposé » a augmenté son niveau d’activité physique de 50 %. Le temps passé en position assise ou allongée a diminué de 11,6 % et le temps passé devant la télé de 19 %. »
Par ailleurs, la condition physique du groupe « intervention » s’est significativement améliorée au cours de l’année et une tendance à l’amélioration de la condition mentale a même été observée. En revanche, dans le groupe contrôle, aucune amélioration n’a été notée sur ces différents paramètres. Conclusion de Xavier Schneider : « Les pharmaciens d’officine devraient être impliqués dans les projets visant à promouvoir l’activité physique régulière et à modifier les comportements pour lutter contre les pathologies chroniques. On peut cependant envisager, à l’avenir, d’utiliser des objets et des dispositifs connectés. »
* « Activité physique, accompagner, prescrire, orienter », organisée par Trilogie Santé (groupe Nehs), en partenariat avec « le Quotidien du pharmacien ».
** Partenaires : DGS, SFMS, Epiconcept, Sport Santé Conseil.