▶ Quelles solutions ?
Proposer à sa clientèle un service de téléconsultation suppose de disposer d'un système équipé d'appareils de mesure, connecté à un réseau de médecins (généralistes, spécialistes) et/ou professionnels paramédicaux. L'appareillage prend généralement la forme d'une cabine, ou celle d'une borne, prévue pour la visioconférence (écran et son) et agrémentée de différents dispositifs médicaux : stéthoscope, autoscope, oxymètre, tensiomètre, thermomètre, balance, dermatoscope…
Pour fonctionner, il nécessite une prise de courant et une connexion Ethernet (WiFi possible si peu d'objets connectés). La cabine, prévue pour accueillir une personne à mobilité réduite et un accompagnant, occupe un espace au sol ne dépassant pas 2m² et est munie d'une porte pour assurer la confidentialité de l'échange avec le médecin. La borne, pour sa part, doit être installée dans un espace de confidentialité. La téléconsultation peut également être réalisée à l'aide d'un simple ordinateur et de quelques dispositifs médicaux connectés (les solutions Qare, Maiia…). Ces appareils permettent la prise en charge du tiers payant, le paiement de la consultation (dans le cas d'un spécialiste) et l'édition de l'ordonnance selon un mode d'échange des données sécurisé. L'équipement, dont le coût est variable, peut être acheté ou acquis par leasing. Les fournisseurs de solutions de téléconsultation (telles que Medispot, Medadom, Tessan…) jouent le rôle d'opérateurs en proposant leurs réseaux de médecins prêts à être consultés via leurs dispositifs. La pharmacie peut également y intégrer ses médecins locaux ou constituer son propre réseau de professionnels de santé centralisés par son dispositif de téléconsultation. L'accès à la consultation du généraliste est libre mais requiert la prise d'un rendez-vous, généralement assurée par l'officine, dans le cas d'un spécialiste.
En matière de téléconsultation, d'autres solutions sont proposées à l'officine, comme une simple consultation sans prise de mesures via un ordinateur ou la possibilité de réaliser la consultation au domicile du patient à l'aide d'une mallette équipée d'un système de connexion.
▶ Quel financement ?
Fruit de l'accord entre les syndicats (FSPF, USPO) et l'assurance-maladie, l'avenant n° 15 à la convention nationale pharmaceutique (signé en décembre 2018) précise les conditions dans lesquelles le pharmacien peut contribuer aux actes de téléconsultation à l'officine. La prise en charge s'effectue dans le respect du parcours de soins. Pour proposer ce service, le pharmacien doit disposer d'un espace de confidentialité et pourra, à la demande du médecin, transmettre des données complémentaires. Par ailleurs, sa contribution au déploiement de la téléconsultation fait l'objet d'une rémunération : une participation forfaitaire aux frais d'équipement (vidéotransmission, stéthoscope et otoscope connectés, oxymètre et tensiomètre) de 1 225 euros lui est versée la première année puis 350 euros les années suivantes. Le temps passé à l'organisation de la téléconsultation fait également l'objet d'une rémunération qui dépend du nombre d'actes réalisés (entre 200 et 400 euros par an).
▶ Quel intérêt ?
Permettre un meilleur suivi de la santé des patients (personnes âgées, patients chroniques) et répondre aux besoins de consultations courantes (cystites, otites, angines, renouvellement d'ordonnance, patient en vacances…) sont bien sûr les objectifs principaux que vise un système de téléconsultation. Mais il s'agit également pour l'officine – et les professionnels de santé alentour – d'éviter une fuite de la patientèle vers un lieu qui saura satisfaire rapidement sa demande. Avant de se décider, l'officine doit cependant savoir si elle répond à une problématique locale : existe-t-il un réel besoin en termes de consultation ? Les cabinets médicaux à proximité sont-ils engorgés ? Manque-t-il des spécialistes sur le territoire ? La communication interprofessionnelle est-elle difficile ?
L'offre locale en matière de soin va être décisive pour le développement d'un service de téléconsultation.
▶ Pour quelle officine ?
L'officine implantée dans une zone de désert médical constitue le profil type de celle pour qui l'adoption d'un système de téléconsultation s'avérerait profitable. Ce service répondra alors aux besoins des patients qui ne peuvent pas consulter leur médecin dans un délai raisonnable et évitera qu'ils viennent engorger les services d'urgence saturés des hôpitaux alentour.
Un second profil d'officine peut trouver intéressant de développer la téléconsultation pour mobiliser localement un réseau de professionnels de santé et potentialiser l'offre de soin du territoire. Le pharmacien utilise alors son équipement connecté comme un point de départ pour entrer en relation avec les acteurs de santé qui l'entourent et devenir un référent en télémédecine. Il peut, par exemple, accueillir dans ses locaux une infirmière qui va assister la téléconsultation ou mettre à sa disposition des dispositifs de mesure connectés qu'elle peut utiliser à domicile, auprès d'un patient qui ne peut pas se déplacer.
▶ Quelle préparation en amont ?
Si les opérateurs assurent souvent une formation à l'utilisation de leurs systèmes connectés, la démarche qui consiste à proposer un service de téléconsultation doit être organisée en amont si elle implique des acteurs locaux : le médecin téléconsultant, l'infirmière accompagnante à domicile, le pharmacien responsable du bilan de médication doivent définir leur place dans le système.
Quelle offre de soin peut être proposée ? Quelles sont les attentes de chacun ? Ces questions doivent être posées et les réponses apportées en amont afin que le périmètre de compétence et d'action de chacun ne se superpose pas à celui des autres.
Sujet réalisé en collaboration avec Hélène Prêcheur, dirigeante de l'institut de formation Pharmareflex.