Dès le début de l'épidémie et pendant le confinement, le système de soins a été désorganisé : 69 % des malades chroniques ont annulé ou différé leur rendez-vous, surtout en île de France (73 %). Ceux qui ont consulté pendant le confinement étaient majoritairement en ALD (72 %) ou souffraient d'un diabète (77 %). C’est ce que révèle un sondage réalisé par l’Institut B3TSI pour la Fédération française des diabétiques* et ses quatre partenaires Alliance du cœur, Le Collectif national des personnes atteintes d’obésité, La Fondation pour la recherche sur l’HTA et la Société française de santé digitale.
À la question « depuis la fin du confinement, avez-vous consulté un médecin généraliste ou pris rendez-vous pour des soins courants ? », 41 % des patients chroniques ont répondu par la négative et n’ont pas encore consulté. Parmi eux, 29 % seulement envisagent de le faire dans les 4 prochaines semaines mais 12 % affirment ne pas l'envisager encore (surtout les 18-29 ans). Parallèlement, 58 % des sondés n'ont réalisé aucun contrôle ou examen médical depuis le déconfinement. Le cas des hypertendus, avec un taux de 72 %, est particulièrement inquiétant.
La permanence des soins en pharmacie et la téléconsultation
Pour l'ensemble des sondés, les principales raisons du renoncement au soin sont d'éviter la propagation du virus (35 %) et la surcharge de travail des soignants (36 %). En revanche, 87 % des malades chroniques (dont 92 % des hypertendus) se sont déplacés chez le pharmacien dès le début du confinement pour renouveler normalement leurs médicaments (73 %) ou une ordonnance périmée (10 %), et 3 % ont bénéficié d'une livraison à domicile par le pharmacien.
« Le point important à souligner est qu'il n'y a pas eu de rupture de traitement puisque seulement 1 % avoue avoir arrêté ses médicaments », note le Pr Xavier Girerd, président de la Fondation pour la recherche sur l’hypertension artérielle. Il précise que « le pharmacien et son équipe officinale se sont retrouvés en première ligne lors de la crise pour assurer la continuité des traitements. Cela montre le rôle clef du pharmacien dans le suivi des personnes atteintes de maladie chronique ».
Pendant la crise, la téléconsultation a permis de rompre l'isolement des malades et d'assurer leur prise en charge en évitant une éventuelle contamination. Ainsi, 24 % des Français atteints de maladies chroniques y ont eu recours pour consulter leur médecin généraliste et 28 % leur spécialiste. Ce sont les citadins (13 % habitent dans une commune de plus de 100 000 habitants) et les jeunes entre 18 et 29 ans (27 %) qui ont été les plus nombreux à téléconsulter. Un résultat qui montre la nécessité de poursuivre ce mode de consultation. Néanmoins, cette population jeune et urbaine exprime à son égard un manque de confiance (38 %), alors que ce sentiment n’est partagé que par 20 % de la population plus âgée (+ de 60 ans). La téléconsultation n'a pas vocation à remplacer les consultations présentielles ; elle est complémentaire mais, à l’évidence, elle n'est pas encore entrée dans les mœurs des patients comme un moyen fiable de prendre en charge sa santé. Seulement 4 % des sondés envisagent une téléconsultation dans les 4 prochaines semaines.
D'après une visioconférence de la Fédération française des diabétiques.
* Réalisé en ligne du 29 mai 2020 au 8 juin 2020 sur un échantillon de 2 400 personnes âgées de 18 ans et plus souffrant d'une maladie chronique.