Dans une étude parue en 2020, l’équipe allemande qui a dirigé ce nouveau travail a montré que l’exposition au pollen entraînait une susceptibilité accrue aux infections respiratoires virales, et ce quel que soit le statut allergique des individus, et a aussi mis en évidence la capacité du pollen à supprimer l’immunité antivirale innée.
Dans cette nouvelle étude, parue dans les « PNAS », les chercheurs ont étudié les données de 130 sites de surveillance du pollen de 31 pays à travers les cinq continents. « L’initiative a démarré lorsque, du 10 au 14 mars 2020, un épisode de chaleur a provoqué une augmentation des concentrations de pollen dans l’air dans l’hémisphère nord, ce qui s’est manifesté en Europe continentale principalement le 12 mars, racontent les auteurs. Cela a coïncidé avec des taux élevés d’infection par le SARS-CoV-2. »
Le pollen explique en partie les variations du taux d’infection
Jusqu’à début avril, plusieurs paramètres ont été pris en compte : concentration en pollen, conditions météorologiques, taux d’infection, mais aussi variation du taux d’infection selon les jours, densité de la population et mesures restrictives mises en place (confinement ou non).
Il en résulte que le pollen présent dans l’air explique en moyenne 44 % des variations du taux d’infection Covid d’un jour à l’autre, avec parfois un rôle synergique de l’humidité et de la température de l’air. Les chercheurs ont de plus constaté que le taux d’infection augmentait en général quatre jours après un pic de pollen. Par ailleurs, les mesures de confinement ont réduit de moitié les taux d’infection pour un même taux de pollen. Les auteurs ont également constaté que les taux d’infection proches de zéro n’ont été observés que dans les régions à faible concentration de pollen, quelle que soit la densité de population.
Des biais à prendre en compte du fait d’exposition multiple
Mi-mars, l’augmentation des températures de l’air a favorisé les activités extérieures, entraînant ainsi une plus forte exposition aux facteurs environnementaux, comme les bio aérosols et les polluants, mais aussi aux personnes infectées. « Les expositions environnementales, qu’il s’agisse de facteurs climatiques, de polluants atmosphériques ou de pollen, exercent souvent leurs effets en même temps, et bon nombre de ces facteurs sont colinéaires, ce qui complique l’analyse statistique », rapporte les auteurs qui sont parvenus à montrer une corrélation solide entre pollen et infection Covid en prenant en compte ces biais.
Au vu de ces résultats, et alors que l’exposition au pollen ne peut être évitée, les auteurs encouragent les personnes à haut risque de formes sévères de Covid de porter des masques filtrant les particules au cours des périodes de fortes concentrations polliniques, en particulier au printemps. Néanmoins, ils estiment qu’un message « prudent » devrait accompagner ces recommandations pour ne pas semer inutilement la panique.
Ils précisent ainsi que : 1. les corrélations démontrées suggèrent que le pollen est un facteur modulant la progression générale de l’infection par le SARS-CoV-2, ce qui pourrait ajouter 10 à 30 % de plus au taux d’infection ; 2. rien ne prouve que les grains de pollen en suspension dans l’air sont eux-mêmes porteurs de particules virales ; et 3. sans contact avec une personne porteuse du SARS-CoV-2, il n’y a aucun risque d’infection.
« La coexposition n’est certainement pas l’exception mais la règle dans des conditions naturelles, et c’est pourquoi nous suggérons fortement que la modélisation et la prévision des pandémies actuelles et futures devraient tenir compte de l’ensemble de l’exposome », considèrent les auteurs.