Si la carence en vitamine D est connue pour être un facteur de risque dans l’apparition de la sclérose en plaques (SEP), aucune étude n’avait jusque-là permis de valider l’intérêt d’une supplémentation en vitamine D dans le traitement de cette pathologie. Mais la donne pourrait changer. Le professeur Éric Thouvenot vient en effet de présenter des résultats permettant de conclure en faveur de l’intérêt de cette supplémentation dans la prise en charge de la SEP.
À l’occasion de la 40e édition du congrès de neurologie qui se tenait à Copenhague le mois dernier, le professeur Éric Thouvenot du CHU de Nîmes a présenté les résultats de son étude concernant les effets de fortes doses de vitamine D sur l’activité d’une sclérose en plaques (SEP) après un syndrome cliniquement isolé (CIS). Le déficit en vitamine D est un facteur de risque connu de développer une sclérose multiple, associé par la même occasion à un risque majoré de signes d’activité de la maladie (EDA) et d’apparition de handicap. Si la complémentation en vitamine D est sûre et bien tolérée, les résultats d’études précédentes sur son intérêt pour combattre l’aggravation clinique de la SEP restaient jusqu’ici controversés. L’étude menée par l’équipe du Pr Éric Thouvenot a été conduite durant 24 mois en double aveugle et contre placebo sur 314 patients CIS. Les principaux critères d’inclusion étaient l’âge (patients entre 18 et 55 ans), l’apparition d’un premier évènement évocateur d’une SEP de moins de 90 jours (CIS<90 jours), une concentration sérologique en 25-hydroxy vitamine D (25OHD) inférieure à 100 nmol/l et enfin, un diagnostic IRM remplissant les critères de Swanton. Les patients ont reçu, selon un ratio de 1 pour 1, une haute dose de vitamine D par voie orale sous forme de cholécalciférol 100 000 UI ou un placebo toutes les deux semaines et ce, durant les deux années qu’a duré l’étude ou jusqu’à EDA. Le principal critère d’évaluation du résultat était l’occurrence d’EDA, mesurée par une rechute ou de nouvelles lésions visualisées sur les IRM réalisées à 3, 12 et 24 mois après inclusion du patient dans l’étude. Le temps médian jusqu’à EDA était de 432 jours pour le groupe consommant de la vitamine D, contre 224 jours pour le groupe placebo permettant à l’équipe de valider l’intérêt de cholécalciférol 100 000 UI par voie orale toutes les deux semaines, dans la lutte contre la détérioration clinique de patients CIS. Associées à la sécurité et à la bonne tolérance offerte par la vitamine D, ces données argumentent en faveur d’un traitement par haute dose de vitamine D toutes les deux semaines dans une sclérose en plaques précoce.