La décision d'Emmanuel Macron de ne pas procéder à un troisième confinement a été prise contre l'avis de son Conseil scientifique qui continue à dire publiquement que le couvre-feu le week end n'empêche pas le virus de circuler pendant la semaine. Cette sorte de « guérilla » conduite par le coronavirus est combattue par la vigilance des services de santé et par des mesures ciblées géographiquement. Il y a certes une solution nationale, c'est la vaccination pour tous ; mais comme il ne semble pas possible d'aller plus vite que la musique, on se raccroche aux gestes barrières et à la distanciation, tout en apportant aux régions sinistrées un lot de vaccins supplémentaire, au risque de ralentir un peu plus le calendrier vaccinal.
Le fossé qui sépare nos dirigeants de leurs propres experts scientifiques s'élargit dans un contexte délétère et a poussé la colère et la lassitude de nos concitoyens à son point le plus extrême. D'autres en tirent la conclusion que la pandémie aura des effets politiques irréversibles que l'on retrouvera cette année lors des élections régionales et départementales et, l'année prochaine, à l'occasion de la présidentielle. C'est une mauvaise analyse : le pouvoir a encore le temps de mener la campagne vaccinale à son terme, avant le début de l'année prochaine, et d'entrer dans la campagne électorale avec un bilan acceptable ; en outre, si les candidats à la présidence sont nombreux et si la présidentielle préoccupe le microcosme politique, l'opinion, elle, est plus intéressée par le virus et ses variants que par les perspectives électorales.
Pour les partis d'opposition, l'affaiblissement du président de la République est un objectif naturel. Mais ils ne sont pas en mesure de prouver qu'ils auraient mieux fait que la majorité actuelle : ils disent davantage ce qu'il ne faut pas faire que ce qu'ils feraient eux-mêmes s'ils étaient au pouvoir. De sorte que le tableau général de l'épidémie a beaucoup changé depuis le début de l'année dernière. La méfiance à l'égard des vaccins s'estompe chaque jour et les Français sont de plus en plus demandeurs. Au scepticisme a donc succédé un appétit national pour une forme de prévention peu prisée jusque-là, mais qui devient l'alpha et l'oméga d'une stratégie empêchant les cas graves, réduisant le nombre des décès et susceptible d'en finir avec l'inconfort du couvre feu et du confinement.
Le rôle négatif de l'Union européenne
Un achat massif de vaccins aurait eu en outre l'avantage d'accélérer la reprise du travail en France. Et donc d'augmenter la croissance et de freiner l'endettement. De même que la pandémie n'a pas été prise au sérieux, ni par le gouvernement, ni par le public au début de l'année dernière, de même on se perd en conjectures aujourd'hui face à une contradiction : un exploit, la mise au point en un an de plusieurs vaccins efficaces et dépourvus d'effets secondaires, et un désastre, une pénurie de doses qui traduit une logistique dérisoire. Par conséquent, il est absurde de lier la pandémie et les échéances électorales, au moins pour le moment. Tout ce que l'on peut dire, c'est que, si l'immunité nationale n'est pas acquise à la fin de l'année, le président entrera avec un passif dans la campagne électorale de 2022.
Or l'effondrement de notre résistance collective au virus est une hypothèse à écarter sans réserves. S'il est vrai que le Covid est assorti de variants qui facilitent la contagion, il y aura, à terme, assez de vaccins pour le combattre. Nous avons affaire à une crise dans la crise, une crise qui est avivée par les comparaisons, par exemple avec Israël où la campagne est un succès, ainsi qu'avec les États-Unis et la Grande-Bretagne où l'on note un recul de la pandémie qui s'explique probablement par un début d'immunité collective. Nous ne reviendrons pas ici sur la responsabilité de l'Union européenne dont les commandes ont été insuffisantes et qui, au fond, empêche les pays membres de suppléer aux carences. L'UE a joué un rôle plutôt négatif et la présidente de la Commission de Bruxelles, Ursula von der Leyen, l'a reconnu.