- Tu as contacté l'Ordre et l'ARS ? Qu'est-ce qu'ils te disent ? demande Karine assise à son bureau, un crayon à la main.
Depuis une demi-heure, la titulaire de la Pharmacie du Marché s'entretient avec son amie Stéphanie, installée dans un village d'Alsace. Seule pharmacie du village, elle a demandé de l'aide à Karine, qu'elle connaît depuis l'enfance. Quatre des membres de son équipe présentent les signes de Covid-19. Parmi eux, une préparatrice est hospitalisée pour des difficultés respiratoires. Par précaution, son adjointe, enceinte de quatre mois, a été arrêtée plus tôt que prévu. Depuis cinq jours, Stéphanie assure seule, avec un préparateur, l'activité de la pharmacie.
- Oui bien sûr. Mais les remplaçants sont difficiles à trouver. C'est déjà le cas en temps normal, alors en période de crise sanitaire… Nous avons aussi demandé aux étudiants. Normalement, quelqu'un devrait venir en début de semaine prochaine…
- Même avec un étudiant en plus, ça ne fait pas le compte. Et toi, comment te sens-tu ?
- Étrangement, je suis en pleine forme. Je n'ai pas de fièvre, je ne tousse pas…
- Et le moral ?
- Pas le temps d'y penser. Je sortirai certainement sur les rotules de ce mauvais rêve, mais pour le moment je tiens le coup. Je suis surtout inquiète pour Chantal, ma préparatrice. Mais les médecins sont optimistes. Pour nous préserver un peu, j'ai réduit les horaires d'ouverture : deux heures le matin, et quatre l'après-midi. Et je sers à guichets fermés. Une vraie fonctionnaire, plaisante la pharmacienne alsacienne, dont la voix trahit tout de même une lassitude.
- Écoute, mon équipe est au complet et une partie est d'ailleurs en chômage partiel. L'activité est très très calme ici. Je pourrais venir…
- Non Karine ; tes enfants ont besoin de toi. Je me demandais par contre si ton jeune stagiaire de sixième année serait partant pour un séjour en Alsace. Tu m'en avais parlé en termes si élogieux !
- Julien ? Je peux lui demander. Il faut que je voie avec le comptable. Il n'est plus stagiaire, il est diplômé et thésé. Nous l'avons pris en CDI, et je ne sais pas s'il y a des démarches spécifiques à faire.
- Merci Karine. Je crois que la procédure est le congé sans solde. De mon côté, je lui ferai un contrat de quinze jours. Je prends aussi en charge les billets de train et l'hébergement, évidemment. J'ai hâte que tout soit terminé, qu'on puisse se revoir cet été. Tu me tiens au courant ?
Sitôt le téléphone raccroché, Karine court à la rencontre de Julien. Elle lui explique la situation de son amie Stéphanie, et la proposition de celle-ci.
- Il n'y a qu'une seule pharmacie dans ce village, celle de Stéphanie. Mais à deux au lieu de sept, ça va être difficile de tenir le coup sur la durée.
- Oui.
- Tu es d'accord ?
- Oui, bien sûr. Quand est-ce que je pars ? répond tranquillement Julien.
- Je… et bien je rappelle Stéphanie. On organise ça. Rentre chez toi si tu veux pour te reposer et préparer tes affaires.
Avant de rejoindre son bureau, Karine se retourne :
- Et merci ! Merci. Sois très prudent.
Tandis qu'il se prépare à partir, Julien croise Juliette. Surprise de le voir avec son manteau, elle s'apprête à le questionner mais Julien l'interrompt :
- Je t'appelle ce soir. J'ai plein de choses à te dire, beaucoup de choses…
(À suivre…)
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