Chimiothérapie à base de 5-FU, capécitabine et tégafur : le test de toxicité recommandé dans toute l’Europe

Publié le 08/06/2020

Crédit photo : Phanie

Les notices et Résumé des caractéristiques du produit pour les chimiothérapies à base de 5-fluorouracile (voie parentérale), capécitabine et tégafur vont être modifiés. Dans toute l’Europe, il y figurera désormais la recommandation de réaliser un test de toxicité avant d'initier le traitement. Une recommandation qui est, en France, devenue une obligation en 2019.

Les traitements à base de 5-fluorouracile (voie parentérale), la capécitabine ou le tégafur en cancérologie, ainsi que l’antimycosique systémique flucytosine (Ancotil), présentent un risque de toxicité grave, parfois létale, chez les patients présentant un déficit d'activité en dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD), qui est l’enzyme permettant d'éliminer ces médicaments.

C’est pourquoi en France, l’Agence du médicament (ANSM) a décidé de rendre obligatoire, en 2019, la réalisation d’un test de dépistage du déficit en DPD avant toute initiation de ces chimiothérapies. En revanche, ce n'est pas le cas pour le flucytosine, utilisé dans les infections systémiques par levures et mycoses. « Avec ce dernier, le dépistage du déficit en DPD avant initiation du traitement n'est pas nécessaire, afin d'éviter de retarder la thérapie antimycosique : en cas de toxicité médicamenteuse, il convient d'envisager l'arrêt du traitement par flucytosine », indique l'ANSM.

Concomitamment à ces mesures prises en 2019, l'ANSM avait demandé une réévaluation européenne de ces médicaments pour renforcer leurs conditions d'utilisation.

Aujourd’hui, l’Agence européenne du médicament (EMA) rend ses conclusions, qui vont dans le sens de celles de l’ANSM : elle recommande de faire un test de phénotypage et/ou génotypage du déficit en DPD avant d’initier une chimiothérapie avec capécitabine, 5-FU ou tégafur, sans toutefois en demander l’obligation de le réaliser comme c’est le cas en France. De plus, l’EMA contre-indique ces traitements chez les personnes ayant un déficit total en DPD. Chez les patients ayant un déficit partiel, le traitement peut être considéré, mais avec des doses réduites. Les notices et Résumé des caractéristiques du produit (CP) des médicaments concernés seront mis à jour.

Dans ce contexte, l’ANSM adresse une lettre aux professionnels de santé pour les informer des modifications des AMM. En France, pour le pharmacien, la démarche à suivre reste la même : « la prescription et la délivrance des spécialités à base de 5-FU (voie parentérale) et de capécitabine sont subordonnées à l’obtention et la prise en compte de la mesure de l’uracilémie avant l’initiation des traitements. Le prescripteur mentionne sur la prescription « résultats uracilémie pris en compte », et le pharmacien vérifie cette mention lors de la dispensation », rappelle l'ANSM.


Source : lequotidiendupharmacien.fr