- Marion, tu voulais me parler de quelque chose ?, demande Karine tout en lisant le dernier DGS-Urgent relayé dans le dossier pharmaceutique.
- Tu savais qu'on pouvait se procurer des médicaments de prescription sur des sites comme le Coin chouette ou Bonne donne ?
Intriguée, la titulaire s'approche de l'écran sur lequel s'affichent des médicaments qu'un particulier donne à qui veut les prendre :
- Ah oui, effectivement, c'est inquiétant ! Est-ce que l'opération aboutit ? Ou le Webmaster intervient avant ? Il faudrait essayer pour savoir.
- J'ai appelé une amie, Stéphanie, qui est pharmacienne de pharmacovigilance. Ils sont plus ou moins au courant de cette pratique mais ils manquent de témoignages pour alimenter leur enquête et déposer un recours auprès de l'ANSM. Peut-être qu'on devrait remonter le dossier à l'Ordre ?
Karine réfléchit avant de répondre :
- A priori, l'Ordre ne s'occupe que des manquements professionnels, mais on peut considérer que donner ou vendre des médicaments est une forme d'exercice illégal de la pharmacie. Tu t'en occupes et tu me tiens au courant ?
Après une pause, elle poursuit :
- Ça va avec Emmanuel ?
- Je n'ai pas eu l'occasion de beaucoup travailler avec lui. C'est un garçon discret mais il me semble à l'aise avec les patients.
- J'ai cru sentir une distance entre lui et le reste de l'équipe.
- Il faut lui laisser du temps. Il remplace Damien, qui était extrêmement apprécié. Et puis, si tu parles du comportement distant de Nicole, j'avais eu droit au même lorsque je suis arrivée.
- Elle est insupportable. Je pars en réunion chez l'expert-comptable. Je te laisserai gérer la caisse ce soir.
Karine sort de la pharmacie pour se rendre à son rendez-vous. Tout le back-office est sens dessus dessous depuis le début des travaux, et le bureau a été l'une des premières pièces à disparaître sous les coups de marteau des ouvriers.
Penchée sur le dossier d'une patiente sous traitement par évérolimus qu'elle a reçue en entretien d'accompagnement, Marion sursaute lorsqu'elle entend Emmanuel s'approcher :
- Désolé, je ne voulais pas te faire peur. Juste une question. Est-ce que vous enregistrez les boîtes de DASRI que vous délivrez ?
- Non, on les donne comme ça, sans rien faire. Mais ce serait une bonne idée de tracer cette délivrance.
- Et d'ailleurs, qu'est-ce que vous faites des déchets de tests maintenant que ce n'est plus DASTRI qui collecte ?
- Pour le moment, on termine de remplir le carton entamé. Ça devrait nous pousser jusqu'à fin octobre, sauf si le dépistage repart en trombes. Je crois que J-C et Karine vont opter pour le forfait proposé par DASTRI, plutôt que de trouver un autre opérateur.
- Ce sera plus simple en effet, répond le nouveau préparateur en appuyant sur le couvercle vert de la boîte à DASRI pour l'emboîter correctement.
- N'hésite pas à me demander si tu as la moindre question. Chaque pharmacie a ses habitudes. Après plus d'un an passé dans celle-ci, il y a encore des pratiques que je ne comprends pas.
(À suivre…)