« Je ne vends pas, je ferme… » Colette Lafarge n’a pas trouvé repreneur – et n’en a d’ailleurs pas cherché - pour sa pharmacie de La Roche Canillac (Corrèze, 135 habitants) qu’elle tenait seule, sans salariés, depuis 2007. L’officine existait depuis plus de 70 ans, au sein d’une population rurale, composée de retraités et d’agriculteurs.
« Les premières années, avant les réformes de la Sécu, c’était jouable, analyse-t-elle. J’avais fait un emprunt pour m’installer, et j’arrivais à vivre, mais les baisses de marge et des prix des médicaments ont fragilisé dès 2011 une activité qui s’est érodée, puis a chuté au fil du temps. Aujourd’hui, il n’y a plus de rentabilité. »
Avec un potentiel de patientèle théorique de 1 500 habitants des alentours de la commune, et un chiffre d’affaires en baisse constante (plus de 50 % en 10 ans), Colette jette l’éponge, sans pour autant abandonner un métier qui la passionne. À quelques mois de sa retraite, elle a trouvé une place chez son confrère de Lagarde-Enval, à 17 km de La Roche.
Un désert corrézien
« Ceci m’a permis de ne pas laisser tomber tout à fait ma clientèle, qui s’est reportée, explique-t-elle. J’assure les livraisons à domicile chez mes anciens patients qui envoient leurs ordonnances à mon nouveau travail. »
Pour les habitants, la fermeture de l’officine n’est que la continuité d’un processus de désertification qui a, petit à petit, vidé le bourg de sa substance : les commerces, la Poste, la trésorerie, la gendarmerie, ont fermé au fil des ans, au nom du non-profit, au fur et à mesure que diminuait une population qui recensait encore, il y a deux décennies, plus de 500 citoyens dans le bourg. Le local commercial va laisser sa porte entrouverte, et servira pendant quelques mois de relais pour les infirmières libérales locales, où elles récupéreront les analyses et autres documents. Le stock de médicaments sera vendu, et la licence de Colette Lafarge a été remise.
« Le calcul est vite fait, a expliqué le maire de La Roche, Patrick Leresteux, qui a cherché sans succès des solutions de remplacement. Il nous faudrait, pour rendre une pharmacie viable, compter 2 500 habitants. Même en regroupant les communes voisines, c’est impossible… »
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