Pronostic réservé. C'est en substance l'avis qu'émet la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) à la lecture des données économiques de décembre. « La décrue est là ! », s'exclame Philippe Besset, président du syndicat. Car si on peut se féliciter que l'épidémie de Covid perde de sa virulence, les chiffres laissent transparaître quelques inquiétudes sur la capacité de l'officine à combler le déficit d'activités qui ne manquera pas de survenir dans les prochains mois.
En décembre déjà, les premiers signaux clignotent. Pour ce dernier mois de l'année 2022, le chiffre d'affaires du réseau officinal s'est réduit de 3 %, à 3,82 milliards d'euros. En cause, les activités Covid (TAG, vaccination…) dont le volume a chuté de 84 %, soit un manque à gagner de 310 millions d'euros comparé à la période précédente. Le chiffre d'affaires lié à la prise en charge du Covid a même diminué de moitié par rapport à celui de décembre 2020, période de démarrage de la vaccination contre le virus.
Ce décrochage, voire ce dévissage, par rapport à l'année hors norme qu'a été 2021 n'a pas pu être compensé par les bonnes performances du médicament remboursable (+ 5,6 %) et non remboursable (+19,9 %). Sur l'ensemble de l'année, le syndicat pointe une baisse de 18,73 % du chiffre d'affaires des activités liées au Covid sur les douze mois de 2022 et ses conséquences sur une marge globale qui s'érode de 1,4 %, à 7,78 milliards d'euros.
Crash test
Certes, tout comme 2021, l'année passée restera globalement une année exceptionnelle. Car après une hausse de 10,35 % en 2021, le chiffre d'affaires des douze mois de 2022 a grimpé à nouveau à hauteur de 6,6 %, à 43,22 milliards d'euros. « Une tendance essentiellement soutenue par une nouvelle progression de la part des médicaments chers au sein du remboursable qui croît de 8 %, mais aussi par les pathologies liées au manque d'anticorps. Ainsi, le non remboursable connaît une croissance de 7,54 % », analyse Philippe Besset.
Mais que faire désormais dans un contexte d'inflation sans les quelque 65 millions d'actes Covid (55 millions de TAG, 10 millions de vaccinations…) réalisés en 2022 ? Jusqu'en novembre dernier, ces activités avaient permis à l'officine d'absorber les quelque 6 points d'inflation et de maintenir sa marge à un niveau supérieur à celui de l'indice des prix. Désormais, il faudra faire sans.
Les six prochains mois seront le « crash test » de l'économie officinale, prédit Philippe Besset. Le président de la FSPF voit dans cette inconnue une raison supplémentaire, après deux années exceptionnelles, d'aborder le volant économique de la convention pharmaceutique avec circonspection. C'est donc muni des statistiques du premier semestre 2023 qu'il s'assiéra, à l'automne, à la table des négociations avec l'assurance-maladie. « 2019 sera l'année de références à laquelle nous appliquerons les effets de l'inflation. Par ailleurs, à cette revalorisation, il faudra également ajouter les nouvelles missions qui nous sont confiées, voire celles qu'on nous donnera dans le cadre du Conseil national de la refondation en santé (CNR). L'ensemble devra assurer la rentabilité de l'entreprise officinale », énumère Philippe Besset. Une équation que les syndicats de la profession et l'assurance-maladie s'efforceront de résoudre entre les mois de septembre et de décembre.
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