Quelle place pour les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, les antipsychotiques, les antidépresseurs… dans les symptômes psychologiques et comportementaux (SPC) des maladies neurocognitives ? Plusieurs sociétés savantes ont mis à jour leurs recommandations et proposent des tableaux synthétiques utiles à la dispensation.
Les nouvelles recommandations pour la prise en charge des symptômes psychologiques et comportementaux (SPC) dans les maladies neurocognitives balaient le médicament en deuxième intention « compte tenu de leurs limites en termes d’efficacité et de tolérance », ont conclu la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), la Fédération des centres mémoire (FCM) et la Société francophone de psychogériatrie et psychiatrie de la personne âgée (SF3PA). Publiées le 21 septembre à l’occasion de la Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, les nouvelles guidelines placent désormais les traitements non pharmacologiques en première ligne : la stimulation cognitive, la musicothérapie, l’activité physique adaptée ou encore l’art-thérapie. Ces recommandations sont également adaptées au lieu de vie de la personne (domicile personnel individuel, EHPAD, résidence autonomie…) ou en cas d’hospitalisation. Les dernières recommandations avaient été publiées il y a 15 ans.
Les traitements médicamenteux n’en restent pas moins une composante de la prise en charge et ces nouvelles recommandations font un tri dans leur utilisation. « Nous sommes entrés dans le détail des situations particulières par une approche par médicament mais aussi par classe de médicaments (…). Par exemple, jusqu’ici une seule molécule était indiquée dans les troubles du comportement : la rispéridone. Ces recommandations viennent ajuster la place de ce médicament en considérant qu’il n'est peut-être pas le meilleur en termes de bénéfices/risques », explique le Dr Thomas Desmidt, psychiatre au CHU de Tours. Ainsi, antipsychotiques, antidépresseurs, benzodiazépines, hypnotiques, thymorégulateurs…, qui ne disposent pas toujours d’une AMM en France dans ces indications, sont passés au crible. Les sociétés savantes proposent aussi des tableaux synthétiques avec les plans de posologies (dose initiale, augmentation par palier, dose maximale…) et les durées de prescription adaptés à chaque symptôme (agitation, apathie, dépression…).
C’est aussi l’occasion de faire un point sur les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (donépézil, mémantine, galantamine, rivastigmine). Compte tenu de leur délai d’action, leur efficacité « très modeste » et leur coût (déremboursés depuis 2018), « les experts ne les recommandent pas comme première ligne thérapeutique dans l’indication des délires et des hallucinations ». Ils peuvent être recommandés en dernière intention dans certains troubles de la maladie à corps de Lewy ou dans la démence parkinsonienne avec hallucinations. Ils ne sont plus recommandés dans le traitement pharmacologique de l’apathie de la maladie d’Alzheimer, les experts lui préférant, et c’est nouveau, le méthylphénidate même si le médicament ne dispose pas d’AMM dans cette indication.
En 2019, la France comptait 1,2 million de personnes atteintes de pathologies neurocognitives et prévoit entre 2,2 et 2,3 millions de personnes malades en 2050.
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