Le think tank biosimilaires* de l’agence Nile a organisé aujourd’hui une matinée consacrée aux biosimilaires au titre évocateur : « Restons unis dans l’effort collectif ! ». Las, deux jours plus tôt, le groupement Giphar, seul représentant des pharmaciens dans ce cercle de réflexion, annonçait son départ par communiqué de presse.
Déplorant que « les intérêts d’industriels (soient) privilégiés au détriment de propositions concrètes visant à améliorer l’accompagnement, la bonne observance et la compréhension des traitements par les patients », Giphar regrette que « le rôle du pharmacien dans l’interchangeabilité et la substitution des biosimilaires ne soit pas suffisamment au cœur des réflexions du think tank » et retire donc sa caution « à des positions » qu’il ne partage pas. Sans aucun pharmacien lors des débats ce matin, la question de la substitution biosimilaire a tourné court. Remplaçant le président de Giphar en tant que grand témoin, le gastro-entérologue Franck Devulder, président de Spécialistes-CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), syndicat farouchement opposé à la substitution biosimilaire par le pharmacien, n’a eu de cesse de marteler cette opposition. Et a trouvé un écho favorable chez les participants du colloque.
La première présentation était d’ailleurs consacrée aux résultats d’une enquête menée par le think tank et diffusée par des associations de patients sur leurs réseaux sociaux. Les 120 patients répondants ont souligné à 55 % que le médecin spécialiste leur avait fourni une information claire sur les biosimilaires, au contraire des pharmaciens qui ne l’ont pas fait (93 % à l’officine 91 % à l’hôpital). Ils sont aussi 71 % à déclarer qu’ils refuseraient le changement de leur biomédicament de référence par un biosimilaire, que ce soit par le biais de l’interchangeabilité pratiquée par le médecin ou la substitution par le pharmacien. Seulement 4 % sont ouverts à cette substitution à l’officine.
Les deux tables rondes qui ont suivi, l’une sur l’accompagnement des malades, l’autre sur les enjeux économiques et d’approvisionnement des biosimilaires, ont confirmé ce positionnement. Néanmoins, les membres du think tank biosimilaires rappellent, par la voix de Sonia Tropé, directrice de l’Association nationale de défense contre l'arthrite rhumatoïde (ANDAR), que leur position a évolué au fil du temps et qu’ils considèrent qu’il est possible d’envisager une substitution biosimilaire par le pharmacien pour certaines molécules. Ils ne sont donc pas opposés au retour du droit de substitution biosimilaire tel qu’envisagé dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022 sur une liste restreinte de molécules déterminée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et différente de la liste dédiée à l’interchangeabilité par le médecin.
« On a perdu beaucoup de temps sur le débat de la substitution », regrette Sonia Tropé. Une perte de temps que Franck Devulder a souligné dans sa conclusion de la matinée tout en affirmant que les biothérapies complexes doivent rester « non substituables » au risque de voir apparaître des effets nocebo chez les patients. Il appelle ses confrères médecins à s’engager résolument dans la prescription biosimilaire « pour écarter la substitution automatique » par le pharmacien.
* Il réunit Accord Healthcare, l’AFA Crohn RCH France, Amgen, l’Association France spondyloarthrites (AFS), l’Association française du lupus et autres maladies auto-immunes (AFL+), l’Association nationale de défense contre l’arthrite rhumatoïde (ANDAR), Biogen, la Fédération française des diabétiques (FFD), France psoriasis, la Ligue française contre la sclérose en plaques (LFSEP) et Sandoz
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