Selon l’Ifrap, le nombre de médecins diplômés en France exerçant à l’étranger a augmenté de 35,4 % entre 2015 et 2020. Une tendance inquiétante face à un accès aux soins de plus en plus difficile pour la population française.
Le phénomène de l’évaporation des diplômes souvent évoquée lors de la publication des statistiques de l’Ordre des pharmaciens n’est pas propre à la profession. Ainsi, le nombre de médecins diplômés en France, mais choisissant d’exercer dans un pays de l’OCDE, ne cesse d’augmenter. En 2020, 4 876 médecins à diplôme français ont ainsi quitté l’Hexagone, contre 3 600 cinq ans auparavant. Relayant ces statistiques, sans doute sous-estimées car tous les pays membres de l’OCDE ne rendent pas publiques leurs données, le think tank* de l’Institut français pour la recherche sur les administrations publiques (Ifrap) recense ainsi des expatriations en croissance vers les pays francophones. La Belgique a attiré 1 600 praticiens, soit deux fois plus qu’il y a dix ans. « La Belgique est le pays le plus prisé : 32 % de l’ensemble des médecins formés en France et exerçant à l’étranger travaillent dans ce pays », relève l’Ifrap.
Pendant la même période, la Suisse a vu tripler son contingent de médecins français, à plus d’un millier. L’Allemagne est également l’un des pays qui a le plus attiré de diplômés français au cours des dernières années. En revanche, le nombre de « french doctors » reste stable aux États-Unis depuis 2015, de même qu’en Israël et au Canada.
Néanmoins, ces statistiques restent faibles au regard des effectifs globaux de médecins français. Ils ne seraient ainsi que 2 % à exercer hors de l’Hexagone qui, en retour, accueille 27 000 médecins à diplôme étranger. Ce nombre a d’ailleurs triplé depuis 2000. Toutefois, une zone d’ombre demeure car les chiffres de l'OCDE ne s’appuient que sur des diplômés s’étant déjà inscrits à l’Ordre des médecins. En sont donc exclus les médecins qui ont fait le choix de l’expatriation dès l’obtention de leur diplôme, souligne l’Ifrap.
En tout état de cause, l’évolution de cet exode est plus qu’inquiétante à l’heure où la désertification médicale gagne chaque jour du terrain, mettant en péril l’accès aux soins dans de nombreux territoires français.
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