Le Quotidien du pharmacien. - L'installation du logiciel devra avoir lieu avant le 28 avril 2023. Les éditeurs et les pharmaciens seront-ils prêts à cette date ?
Denis Supplisson. - Aujourd'hui, la quasi-totalité des éditeurs de LGO ont déposé un dossier de référencement. 11 logiciels arriveront très probablement jusqu'au bout de la validation et seront donc prêts pour le 28 avril. En termes de représentation, cela signifie que 94 % des pharmaciens sont équipés de logiciels en voie de référencement. Pour l'instant, deux logiciels ont été déjà validés, dont le LGPI – « id. » d'Equasens. Ces deux logiciels équipent 70 % des pharmaciens en France. Il y a également des avancées du côté des prescripteurs : actuellement, 70 % des médecins sont en mesure d’avoir un LGC (logiciel de gestion de cabinet) référencé.
Dans la mesure où la e-prescription ne sera obligatoire que dans un an pour les médecins, comment les pharmaciens pourront-ils traiter en parallèle ordonnance numérique et ordonnance papier pendant cette période de transition ?
Cette situation a déjà été vécue par les pharmaciens ayant participé aux diverses phases d'expérimentation de la e-prescription ces 4 dernières années, et n'a pas posé de difficulté particulière. Certains pharmaciens ne faisaient que 10 à 20 % de e-prescriptions au quotidien. Il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter. L'ordonnance numérique est un outil supplémentaire au processus d'ordonnance. Elle ne s'y substitue pas ! Pour rassurer, j'aimerais rappeler que la e-prescription est un système quasiment généralisé en Europe, qui a prouvé son efficacité.
Quels sont les avantages à mettre en avant pour que prescripteurs et pharmaciens s'impliquent ?
Si beaucoup pensent avant tout au gain de temps, ce dernier, bien que présent, reste secondaire. Le principal avantage est dans la sécurité considérablement accrue des ordonnances, et la qualité des dispensations qui en résulte. En effet, la prescription est infalsifiable. De plus, les LGO comprennent un système de contrôle qui, après bipage des produits par le pharmacien, peut immédiatement détecter les différences entre ce qui est prescrit et ce qui est délivré. Ce système permet de diminuer le taux d'erreur au comptoir. Un autre avantage sera un bien meilleur suivi de nos patients. La e-prescription étant renvoyée sur le serveur de la CNAM, les médecins pourront voir ce qui a été délivré au patient, ce qui va considérablement fluidifier la communication entre les deux professions.
Que répondez-vous aux inquiétudes relatives à la cybersécurité ?
Les ordonnances sont stockées sur les serveurs de la CNAM, dont les échanges avec les logiciels suivent les plus hauts standards de sécurité envisageables à ce jour. Une sécurité bien au-delà des capacités des hackers. Même dans le cas où une puissance politique étrangère parvenait à accéder à ces informations, les données stockées ne sont pas nominatives. Le numéro d'ordonnance est aléatoire, et ni l'identité du patient ni celle du médecin n'y sont associées. Les risques de fuite de données sont donc aussi minimes que celles de falsifications d'ordonnances.
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