Les statistiques recensées par le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) parlent d'elles-mêmes. Plus de cent signalements pour des agressions ou des cambriolages ont été transmis à l'Ordre rien qu'au mois d'avril, contre seulement une trentaine en avril 2019. Et depuis le début de l'année civile, 258 cas d'agressions ont été communiqués à l'Ordre contre 303 durant toute l'année précédente.
La semaine dernière, Alain Marcillac, référent sécurité du CNOP a eu connaissance de deux nouvelles agressions à l'arme blanche visant des officinaux. Des injures et des menaces sont également proférées par des patients, principalement autour du sujet qui cristallise les tensions : l'indisponibilité des masques. « Les gens sont très angoissés, le 11 mai approche à grands pas et certains auront besoin d'en avoir pour aller au travail. Le confinement aura également eu de lourdes conséquences sur le moral et sur le portefeuille de nombreux patients », souligne Alain Marcillac. Un climat pesant qui met les nerfs des pharmaciens à rude épreuve, comme l'observe Bruno Maleine, président du CROP d'Ile-de-France. « Les jours précédant la parution de l'arrêté autorisant les officines à vendre des masques grand public, des confrères, que je sais pourtant solides, m'ont dit qu'ils allaient travailler avec la boule au ventre. Cette question des masques crée une tension difficile à supporter », regrette-t-il. Bruno Maleine veut rappeler aux officinaux qui se trouveraient en difficulté qu'un numéro vert (Aide et dispositif d’orientation des pharmaciens - ADOP - : 0 800 73 69 59) leur est dédié et est désormais accessible au niveau national.
Une affiche pour dissuader les cambrioleurs
Autre cheval de bataille pour l'Ordre, les cambriolages, en recrudescence ces derniers jours. Sur 26 signalements reçus du 20 au 26 avril, 14 concernaient en effet des cambriolages, détaille Alain Marcillac. Deux régions sont particulièrement touchées : l'Ile-de-France et la Nouvelle-Aquitaine. À Paris, une officine a même été visitée deux fois à trois jours d'intervalle lors du week-end de Pâques. Pour sensibiliser les pharmaciens à l'importance de ne pas laisser d'argent liquide dans la caisse pendant la nuit, le CROP d'Ile-de-France a envoyé à tous les officinaux de la région une affiche qu'elles peuvent apposer sur leur vitrine. « Notre caisse est vidée chaque jour, la pharmacie fermée ne dispose d'aucune espèce », précise ainsi l'affiche, pensée pour calmer les ardeurs des voleurs.
Bruno Maleine a aussi glissé quelques recommandations à ses confrères, notamment pour qu'ils fassent en sorte que certains produits (masques, thermomètres, SHA…) ne soient pas visibles de l'extérieur. Il veut également rappeler l'importance de signaler ces incidents sur le site de l'Ordre et incite les pharmaciens à s'appuyer sur les référents sécurité départementaux qui pourront les écouter et les aiguiller dans leurs démarches.
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires