L’accompagnement thérapeutique du patient est une tâche particulièrement ardue. En effet, selon une étude américaine de IMS health relayée par l’assurance-maladie, seuls 40 % des patients atteints de maladie chronique suivent correctement leur traitement (qu’il soit anticancéreux ou de substitution, comme face au tabac). Une négligence qui, chaque année, cause la mort de 12 000 personnes en France.
Viendrait-elle d’une mauvaise manière d’aborder la maladie ? Pour René Maarek, qui a formé des milliers de médecins et de pharmaciens aux entretiens motivationnels depuis 1997, « on se focalise trop souvent sur la substance elle-même, alors qu’elle n'est qu'un moyen pour les patients de répondre à leurs problèmes. »
Ainsi, la première étape de ces entretiens consiste à mettre le patient à l’aise afin de comprendre ses motivations. « Nous avons tendance à classer les patients dans des cases. Mais chaque cas est unique ! Pour cette raison, il est nécessaire d’améliorer notre empathie. Cette qualité n’est pas naturelle à tous. La valoriser est d’ailleurs l'un des principaux objectifs des programmes de formation à ces entretiens », affirme René Maarek, qui rappelle que le serment de Galien prêté par chaque étudiant en pharmacie ne parle pas de médicament ou de pathologie, mais de la dignité humaine du malade.
Redonner goût au plaisir
L’autre point clé de l’entretien motivationnel est d'encourager le patient à devenir acteur de sa propre guérison. Les traitements s’étalent sur plusieurs années et leurs effets positifs prennent du temps à se faire sentir. Or, « la motivation extrinsèque, qui consiste à répondre aux attentes des autres, ne marche que quelque mois. La guérison du malade via le suivi de son traitement ne peut venir que par le développement de sa motivation intrinsèque », explique René Maarek. Pour y parvenir, il avance l’importance de transmettre le « droit au plaisir ». Si un patient retrouve la conviction qu’il peut encore ressentir du plaisir malgré sa maladie (diabète, addiction, cancer…) alors, sa motivation à suivre son traitement n’en sera que renouvelée. Car, rappelle-t-il, « La bonne santé c’est le plaisir de vivre, qu’on peut avoir même en étant malade. En la résumant à l’arrêt de la maladie, on se réduit à un technicien ».
Lorsque le pharmacien arrive à motiver le patient à sa propre guérison, son rôle revient alors à l’orienter vers les bons intervenants. Pour y arriver, le pharmacien doit connaître le secteur en question, son voisinage et ses partenaires, et surtout, continuer d’écouter et de comprendre le patient. Et, toujours, centrer la discussion sur lui, en tant que personne qui a droit au bonheur, et pas seulement en tant que malade qui doit guérir.
Il ne faut pas oublier que le serment de Galien, ne parle pas de médicament ou de pathologie, mais de la dignité humaine du malade
René Maarek
Comment se former ?
Les pharmaciens désirant se former aux entretiens motivationnels peuvent envoyer un e-mail à René Maarek (rene_maarek@hotmail.com) qui, en fonction de leur disponibilité, les orientera vers les organismes les plus appropriés. Il leur est aussi conseillé de se rapprocher des UTIP et URPS respectives, certaines proposant des formations allant d’une soirée à deux jours. En outre, l’université de Paris-Saclay intégrera les entretiens motivationnels dans son DU d’addictologie en e-learning en janvier 2025.
Notons que pour qu’elles soient DPC validantes, chaque formation d’entretiens motivationnels doit être associée à une pathologie spécifique (diabète, consommation d’alcool, sevrage tabagique… ). Pour cette raison, René Maarek conseille aux pharmaciens motivés de toutes les suivre.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Excédés par les vols et la fraude à l’ordonnance
Des pharmaciens marseillais créent un groupe d’entraide sur WhatsApp
Cas de comptoir
Douleur et fièvre au comptoir