LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Le rapport souligne que la PACES a été particulièrement pénalisante pour la pharmacie et n’a pas remédié au gâchis humain. Partagez-vous ces analyses ?
DOMINIQUE PORQUET.- Il est absolument évident que la PACES n’a pas remédié au gâchis humain et que nous n’avons pas été capables de mettre en place suffisamment de passerelles pour accueillir les collés, qui représentent 80 % des effectifs. Il est vrai aussi que la pharmacie a pâti plus que les autres filières de la mise en place de cette réforme. Cependant, la faire sortir de la PACES reviendrait à signer l’arrêt de mort des UFR de pharmacie. Quant à affirmer qu’il faut tout jeter au bout de deux ans, c’est aberrant ! C’est une idée de politiques, dont le timing n’est pas le même que le nôtre. La PACES n’est peut-être pas le système optimal, mais il faudrait disposer de 5 à 10 ans pour l’évaluer vraiment, vu la longueur des études de santé. Nous souhaiterions plutôt proposer une évolution de la PACES au niveau de l’organisation ou du contenu. Mais si on nous demande de revoir l’ensemble du cursus, la réponse est non ! Nous ne pouvons pas travailler sans avoir de périodes de stabilité, surtout pour des formations très longues.
Jean-Yves le Déaut propose la suppression du concours en fin de première année et la mise en place d’une spécialisation progressive. Qu’en pensez-vous ?
La suppression du concours ne nous dérange pas. Le numerus clausus n’a jamais été une demande des formateurs, mais correspondait plutôt à un souhait des énarques. Le supprimer n’aboutirait pas forcément à un nombre beaucoup plus élevé d’étudiants. En revanche, il n’est pas question de mettre en place une licence par grands domaines avec une sélection progressive. Il faut faire très tôt la sélection, car de nombreuses formations en santé sont très vite professionnalisantes. Si on recule la sélection, il faudrait allonger d’autant le cursus et il n’est pas judicieux d’ajouter deux ans à des formations déjà très longues. La licence santé de trois ans pour tout le monde, c’est non ! Nous voulons faire comprendre aux politiques que nous en avons assez et que nous n’allons pas travailler sur une énième réforme. Nous sommes déjà en plein milieu d’une nouvelle.
Quel est votre avis sur la proposition d’encourager les doubles compétences ?
Nous sommes déjà engagés dans ce type de démarche, notamment pour ceux qui se destinent à l’industrie pharmaceutique. Nous proposons des cursus pharmacie/marketing et nous avons des accords avec HEC, l’ESSEC et un double cursus avec l’école des mines. C’est un atout considérable pour les étudiants et nous voulons continuer à encourager et à développer ces doubles compétences.
Que pensez-vous de la suggestion de permettre à des étudiants ayant validé leurs premières années d’études supérieures en sciences de rejoindre le parcours santé ?
Les passerelles existent déjà. Nous sommes d’accord pour les élargir, à condition que cela ne pose pas de problèmes au niveau logistique pour réaliser la sélection. Nous choisissons les étudiants sur dossier puis sur entretien, ce qui permet une sélection de bien meilleure qualité que de répondre à des QCM. Cela permet de vérifier réellement leur niveau, leurs compétences et leur motivation.
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