L'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) publie les résultats de son enquête sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) concernant les étudiants en pharmacie. Elle émet 13 propositions pour enrayer ce fléau.
Les résultats, extrêmement complets sont, hélas, éloquents, qu'il s'agisse de la situation en faculté, mais aussi en officine et à l'hôpital. Remarques sexistes, chantage aux notes, avances déplacées, voire attouchements sexuels, les témoignages ne manquent pas. Ainsi, 55 % des étudiantes et 28 % des étudiants déclarent avoir fait les frais de remarques sexistes, 41,7 % affirment avoir subi un harcèlement sexuel durant leurs études à l'université, et 24 % des agressions sexuelles. Les femmes sont globalement 2 à 5 fois plus nombreuses à être sujettes à ces agressions que les hommes.
Dans la grande majorité des cas (70 à 80 % du temps), ce sont d'autres étudiants qui sont les auteurs des faits, mais le personnel pédagogique ou les supérieurs hiérarchiques sont aussi souvent mis en cause.
Le calvaire ne s'arrête pas à la faculté. En officine, 30 % des étudiants (34 % des femmes et 22,3 % des hommes) ont été victimes de remarques sexistes et de harcèlement sexuel, provenant en majorité de patients (pour 80,3 % des répondants) mais aussi des membres de l'équipe officinale (37,1 %).
Face à ce fléau, les sondés pointent l'absence complète de soutien de la part des équipes pédagogiques et des facultés, ou de sanctions des coupables, qui sont parfois couverts par l'administration. 54,5 % des étudiants affirment que ces actes ont eu un impact sur leur vie (dépression, crises d'angoisse, tentative de suicide) et 15,8 % ont débuté ou augmenté une consommation de drogue et d'alcool.
L'ANEPF, en collaboration avec la Conférence des doyens en pharmacie, s'est engagée à déployer 13 propositions pour enrayer le phénomène :
1- Œuvrer pour améliorer la communication sur les dispositifs d’accompagnement des victimes au sein des UFR Pharmacie, et ainsi permettre une meilleure prise en charge des étudiants.
2- Communiquer sur les dispositifs de signalement existants, vulgariser la procédure et travailler sur leur mise en place dans les établissements où ils n’existeraient pas.
3- Mettre en place des sessions de formation obligatoire pour les personnels administratifs et pédagogiques au sujet de la prise en charge des étudiants victimes, de l’accompagnement, de l’orientation et des ressources disponibles.
4- Rédiger et mettre à disposition des étudiants des feuilles de route sur la marche à suivre à destination des victimes et des proches.
5- Inciter à la mise en place des groupes de parole dans les universités entre les étudiants mais également les membres du personnel administratif et pédagogique.
6- Former les tutorats, les associations étudiantes à la prise en charge des victimes et leur accompagnement.
7- Mettre en place des référents étudiants locaux, chargés d’accompagner et conseiller les étudiants qui feraient appel à eux.
8- Elaborer un dispositif de signalement en temps réel pour les situations graves lors des stages.
9- Sensibiliser et former le réseau étudiant et associatif à raison d’un atelier sur les violences sexistes et sexuelles par assemblée générale de l’ANEPF.
10- Publier le guide des affaires sociales de l’ANEPF, contenant tout un volet sur les violences sexistes et sexuelles pour sensibiliser à plus grande échelle, sur notre site Internet.
11- Créer un temps de sensibilisation aux violences, obligatoire pour tous les étudiants de la faculté de pharmacie, les membres du personnel pédagogique et administratif.
12- Sensibiliser les maîtres de stage en pharmacie à la problématique des violences sexistes et sexuelles, et que cette sensibilisation soit un critère du dossier d’agrément.
13- S’impliquer auprès du Centre national d’appui à la qualité de vie des étudiants en santé (CNA) afin de développer les nouvelles missions du CNA vis-à-vis de la lutte contre ces violences dans l’enseignement supérieur.
L'enquête a été menée entre le 21 novembre et le 21 décembre auprès des étudiants en pharmacie de premier, deuxième et troisième cycles. 2 103 personnes, originaires des 24 facultés de pharmacie de France, de toutes les promotions et de l'ensemble des parcours d'orientation (officine, industrie, internat et recherche) y ont répondu. 75,7 % (1 592) étaient des femmes, 23,1 % (486) des hommes et 0,9 % (19) se définissaient comme non-binaires.
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