La formation continue est une obligation pour tous les pharmaciens en exercice.
L'objectif du développement professionnel continu (DPC) impose ainsi au pharmacien de justifier, au cours d'une période de trois ans, d'actions de formation, d'évaluation et d'amélioration des pratiques et/ou de gestions des risques.
La formation pharmaceutique à l'épreuve du Covid
Se former tout au long de la vie active est devenu un réflexe, ancré dans les habitudes du pharmacien. La politique gouvernementale, offrant de nouvelles possibilités d'intervention à ces professionnels de santé de premiers recours, a contribué à redynamiser la formation continue. Ses acteurs ont réfléchi à de nouveaux formats de cours en présentiel ou en ligne, plus souples, adaptés aux contraintes et à l'emploi du temps des pharmaciens. Mais au printemps dernier, lors du premier confinement, l'univers de l'enseignement a connu un véritable cataclysme. Et la formation pharmaceutique continue n'a pas été épargnée.
« Avec l'arrivée du Covid-19, nos formations en présentiel ont été successivement annulées. Nous avons alors rapidement œuvré, en concertation avec les organismes de financement, pour qu'une continuité de nos formations soit possible via les classes à distance. Nous les dispensons, aujourd'hui, grâce aux outils numériques tels que Zoom, Teams ou Beekast », indique Christine Caminade, fondatrice de l'organisme de formation continue Christine Caminade Conseil et présidente de l'Unoformation. La relation humaine entre le formateur et les apprenants est fondamentale. Elle est conservée, même derrière un écran. « En amont de chaque formation, nous recueillons les attentes et les besoins de nos apprenants par le biais de questionnaires. Chacune de nos classes virtuelles n'inclut qu'une dizaine de personnes afin de favoriser l'interactivité. Les formations à distance restent interactives et vivantes. Le virtuel ne doit pas être un frein à la progression des équipes officinales que nous formons », affirme Christine Caminade.
Les officinaux adoptent la visio
De son côté, OCP Formation a totalement revu ses pratiques avec l'avènement de la crise. « Du jour au lendemain, à la suite de la perte de 80 % de notre activité de formation en présentiel, nous avons dû en digitaliser une partie », souligne Constance Perard, directrice marketing, digital et expérience client, OCP. Les formations en visio ont connu un franc succès l'année dernière. « En 2020, nous avons formé plus de 500 pharmaciens et préparateurs. Les formations en visio les plus plébiscitées étaient celles sur les tests antigéniques, le merchandising et l'aromathérapie. Cette année, celle sur la vaccination anti-Covid intéresse particulièrement les officinaux. 91 % d'entre eux ont affirmé être satisfaits de notre enseignement à distance. 68 % n'avaient jamais suivi de visio formation avant. Nous avons pu constater les excellentes capacités d'adaptation de la profession », précise Kamélia Bekhtaoui, chargée de communication et pilotage chez OCP Formation. Le Covid-19 a également contraint l'UTIP à changer son mode de fonctionnement. « En automne dernier, nous nous sommes réorganisés. Nous proposons des soirées de formation en visio (une heure, tous les mardis) et des petits formats de 15 minutes en visio (appelés "les 13 h 15 de l'UTIP"), tous les jeudis, sur des thèmes variés (pathologies chroniques, vitamine D, vaccins et variants…). Nos formations sont gratuites pour nos adhérents », indique Alain Guilleminot, président de l'UTIP.
Allier distanciel et présentiel
Les classes virtuelles (ou visioformations) doivent être distinguées du simple e-learning L’e-learning se présente souvent sous forme de vidéos ou de diapositives proposant un contenu théorique, parfois assorti de questionnaires d'évaluation. Les visioformations, quant à elles, apportent une valeur ajoutée : celle de pouvoir interagir avec le formateur, comme lors d'un cours en présentiel. À la faculté de pharmacie de l’Université de Paris, les diplômes universitaires (DU) sont également proposés à distance, via Zoom. « Nous sommes favorables aux cours à distance par visio permettant l'échange. L’e-learning, sans possibilité de discussion n'a pas beaucoup d'intérêt. À l'avenir, indépendamment du Covid-19, nous souhaitons réserver les classes virtuelles aux enseignements théoriques et renforcer le présentiel pour les enseignements pratiques de mises en situation », affirme le Pr Olivier Bourdon, responsable du parcours d’orientation professionnel officine à la faculté de pharmacie de l’université de Paris. Les formations mixtes alliant le distanciel pour la partie théorique et le présentiel, pour la pratique, se développent de plus en plus.
Gain de temps, de transports, respect des mesures sanitaires tout en permettant une interactivité, la formation à distance présente des atouts non négligeables pour l'officinal dont l'emploi du temps est de plus en plus chargé. Néanmoins, la formation continue du pharmacien ne peut se faire entière à distance. « L'analyse du comportement, les jeux de rôle, les cas de comptoirs, les gestes pratiques (vaccination, TROD… ) doivent, de préférence être effectués en présentiel. Rien ne vaut pas le contact humain », conclut Alain Guilleminot.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Portrait
Jérémie Kneubuhl : le pharmacien aux 50 millions de clics
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais