Le Quotidien du pharmacien.- Quels sont les points d’ancrage de l’action de l'ANEPF pour la transition écologique en santé ?
Émilie Lecygne.- Premier point, en mars 2022, la convention nationale pharmaceutique qui organise les rapports entre l’assurance-maladie et les pharmaciens titulaires a été signée. Ce texte promulgue le pharmacien « acteur de l’écologie » (article VII). Or les officinaux, bien que conscients des enjeux, n’ont pas reçu, durant leurs études ou une fois diplômés, une formation sur laquelle s’appuyer. Second point, le 20 octobre, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, exprimait sa volonté d'adaptation des cursus et de dispensation d’enseignement spécifiques à la transition écologique d'ici à 2025. Il faut donc avancer vite en matière de formation primaire et post-universitaire !
Que révèle votre enquête menée en mars 2021 ?
L’ANEPF s’est associée au think-tank The Shift Project pour rédiger un questionnaire adressé aux 33 000 étudiants des 24 facultés de pharmacie de France. Au total 712 personnes, toutes promotions confondues (et même des jeunes diplômés), y ont répondu, révélant que seulement 35,1 % ont eu accès à des enseignements sur les enjeux climatiques/environnementaux au cours de leur cursus et pointant une hétérogénéité des formations selon les facultés. Seulement 12,9 % considèrent avoir suffisamment de cours autour de la santé environnementale. Dès lors, 85,4 % sont favorables à la mise en place d’enseignements sur les enjeux climatiques en santé.
Quelles propositions porte l’ANEPF ?
Dès le premier cycle des études, nous souhaitons acquérir des connaissances globales sur les enjeux climatiques et proposons que soit créée une unité d’enseignement sur la santé environnementale dans le tronc commun de la formation initiale. Dès le second cycle, au moment où les pharmaciens se spécialisent, la formation doit devenir spécifique à la voie choisie, officinale, industrielle ou hospitalière. Selon nous, ces enseignements ne doivent pas représenter une UE à part mais s’intégrer dans les nombreuses thématiques abordées en cours. Prenons l’exemple de l’antibiorésistance. Dans nos cours actuels, tous les mécanismes moléculaires sont détaillés. Pourquoi ne pas aborder aussi l’antibiorésistance de façon globale avec une vision « une seule santé » (One Health) liant homme, animal, et leurs environnements ? Autre champ d’action : le service sanitaire. L’engagement des étudiants en santé dans ce dispositif dédié à la prévention est une occasion à saisir pour sensibiliser lycéens et collégiens à la santé environnementale. Les sujets ne manquent pas. À commencer par la sensibilisation aux perturbateurs endocriniens. Pleinement conscients des enjeux, les étudiants en pharmacie, forces de propositions, affichent volonté et détermination qui ne laisseront sans doute pas de marbre les doyennes et les doyens de faculté.
* Les résultats de cette enquête ont été dévoilés à Paris en novembre dernier, lors de la première session - « sensibiliser et former les professionnels de santé » - du colloque annuel du réseau ÎSÉE (Île-de-France SantÉ Environnement).
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