Année après année, le tutorat gagne en notoriété. Une victoire pour tous les étudiants qui donnent, ou ont donné de leur temps, pour aider leurs successeurs à passer l'épreuve que constitue la première année commune en études de santé (Paces). Si cette dernière est supprimée à la rentrée 2020, la sélection, elle, ne disparaîtra pas pour autant.
« La réforme crée un peu d'anxiété chez les étudiants, observe Assane Seck, vice-président de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). Il est donc important que l'on continue à accompagner les étudiants, en les conseillant notamment sur la pharmacie, pour que cela ne soit pas pour eux un choix par défaut. » Présente au week-end du tutorat, organisé à Montpellier fin février, la ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Frédérique Vidal, n'a pas manqué de rappeler « la place importante » qu'occupera le tutorat dans le cadre de la réforme, notamment pour aider ceux qui recevront une mauvaise nouvelle le jour des résultats à préparer leur réorientation. En plus des polycopiés, des QCM et autres concours blancs, les tuteurs apportent en effet un soutien moral important à des étudiants qui s'avouent stressés pour 52 % d'entre eux. Déjà proposé par des étudiants en pharmacie, en médecine, en chirurgie dentaire et par les étudiants sages-femmes, le tutorat est également mis en place par la filière kiné depuis cette année.
Les multiples aspects du tutorat
Depuis 3 ans, c'est dans un amphithéâtre du ministère que les étudiants viennent récupérer le diplôme attestant de la qualité du tutorat auquel ils ont participé. « Nous avons toujours besoin de faire un peu de pédagogie par rapport aux prépas privées et cette cérémonie est très importante pour valoriser le tutorat, mais aussi pour remercier les étudiants de leur investissement », précise Assane Seck. Cette année, 34 tutorats ont reçu un agrément unique, suite à la suppression des différents rangs (or, argent, bronze) utilisés les années précédentes.
Parmi les projets primés, celui des étudiants de Rouen, qui ont mis en place un partenariat avec le SAMU pour renforcer la prévention sur les premiers secours. Un tutorat qui aura permis à 900 étudiants de mieux connaître les gestes qui sauvent et qui pourraient déboucher, peut-être, sur un partenariat au niveau national. Des tuteurs bordelais ont, quant à eux, mis au point des salles immersives dotées de plusieurs écrans pour offrir les mêmes chances de réussite aux étudiants en première année de villes alentour (Pau, Dax et Agen). À Nantes, des « tutoparents » et des réunions ont permis de mieux faire comprendre les spécificités de la Paces à des parents parfois démunis face aux difficultés de leurs enfants. Réalisation d'un documentaire à Créteil pour sensibiliser les lycéens, formation à l'éloquence pour préparer les oraux à Paris 7, forum pour aider les recalés à se réorienter à Dijon… Les dimensions du tutorat sont multiples et se transmettent, comme le confirme Assane Seck, qui fut tuteur lui-même : « Ceux qui ont bénéficié du tutorat aident les autres ensuite. Le tutorat intègre aussi la notion d'interprofessionnalité, ce qui est très important. » Une notion qui aura en effet de plus en plus d'importance dans les années à venir, avec, notamment, l'avènement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
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