Les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur demandent aux universités, établissements de santé et instituts de formation, une tolérance zéro vis-à-vis des violences et du harcèlement subis par les étudiants en santé au cours de leur cursus.
Ces derniers mois, plusieurs rapports ont mis en lumière des situations de maltraitance, de harcèlement et de violences morales ou sexuelles à l’encontre des étudiants en santé, aussi bien dans les établissements de santé qu’à l’université ou dans les instituts de formation (notamment une enquête de l’Association nationale des étudiants en médecine de France - ANEMF - publiée le 18 mai).
Dans un courrier adressé à la communauté universitaire et hospitalière, Olivier Véran et Frédérique Vidal condamnent avec la plus grande fermeté ces situations intolérables. Les deux ministres les invitent à faire évoluer l’ensemble de leurs processus et de leurs outils, afin d’aller vers plus de protection, plus de bienveillance et plus de fermeté. « Face à la maltraitance et au harcèlement, universités, instituts de formation, établissements, associations étudiantes doivent faire bloc au nom d’un même mot d’ordre : tolérance zéro : engagement total », écrivent les ministres. En pratique, les directeurs généraux d’ARS, recteurs, présidents d’université, doyens et responsables d’instituts sont invités à prendre sans délai les mesures conservatoires qui s’imposent, notamment en suspendant l’agrément d’un terrain de stage à l’évidence maltraitant et en protégeant les étudiants en souffrance, y compris en les réaffectant dans un autre service.
Cette réaction des ministres est bienvenue chez les étudiants, qui déplorent un manque de considération du problème depuis des années.
Publiée le 18 mai, l’enquête de l'ANEMF rapporte que 32 % des étudiants en médecine ont été victimes de harcèlement sexiste ou sexuel et 15 % ont déjà subi une agression sexuelle. Des délits perpétrés le plus souvent au sein de l’université (lors des soirées étudiantes, galas) mais aussi à l’hôpital, pendant les stages. Si ces violences concernent surtout les étudiants en médecine, elles n’épargnent pas ceux en pharmacie. Ainsi, « dans une enquête menée sur la santé mentale des étudiants en pharmacie, nous avons relevé que 19 % d'entre eux avaient déjà eu une expérience négative dans leur cursus : discrimination, dévalorisation, harcèlement, attaque verbale et physique, ou même violence sexuelle et sexiste. Ces délits ont été commis à l’hôpital, en industrie, ou encore par du personnel de l’université », avance Chloë Bodennec, vice-présidente en charge des affaires sociales à l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). En 2018, le gouvernement s’était engagé notamment à créer dans toutes les universités une « structure d’accompagnement des victimes de violence » et « à assurer l’évaluation systématique des lieux de stage par les étudiants ». « Mais ces engagements n’ont pas abouti à ce jour », regrette Chloë Bodennec, en espérant que les déclarations des ministres permettront de faire évoluer la situation.
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