3 questions à…

Xavier Desmas

Publié le 18/04/2016
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Président du Collège français des pharmaciens conseillers et maîtres de stage
Le quotidien du pharmacien. Quel est l’objectif du stage professionnel officinal ?

Xavier Desmas. C’est une période initiatique qui doit mettre en adéquation les connaissances universitaires avec la pratique professionnelle. Elle est prévue pour durer six mois, un laps de temps que l’on estime suffisant pour appréhender les principaux postes de l’exercice officinal en lien avec ce qui a été décrit durant les études : s’intégrer au sein d’une équipe officinale, maîtriser l’ensemble des processus d’une mise à disposition des produits de santé ainsi que les situations de rupture d’approvisionnement, de retrait de lot (…), dominer l’ensemble du processus de dispensation, de la prise en charge initiale du patient à la délivrance des produits et des conseils, susciter la collaboration avec les autres professionnels de santé, exploiter la connaissance globale et officinale du patient, maîtriser l’essentiel des éléments comptables de gestion courante de l’officine… Ceci dit, les étudiants peuvent travailler en pharmacie dès la 3e année du cursus, si bien que certains d’entre eux ont déjà une toute première approche du métier avant d’entamer leur stage.

Le stagiaire, cependant, a un statut particulier : quel est-il ?

Au Conseil de l’Ordre comme au sein de notre Collège, on considère qu’un temps de stage n’est pas un temps de travail. C’est-à-dire que le stagiaire n’équivaut pas à de la main-d’œuvre. Il est là pour être formé, pour apprendre son métier sous la surveillance effective d’un maître de stage.

Cette notion d’apprentissage qui a un sens noble doit être défendue et elle doit être partagée par l’étudiant et son tuteur. Les deux contribuent ensemble au bon déroulement du stage et au fait qu’il soit productif. Ainsi le stagiaire doit-il choisir son maître de stage selon des critères d’intérêt professionnels - spécialité développée, engagement dans une démarche qualité… - et non pas en fonction de ce qui l’arrange le mieux d’un point de vue géographique.

Le maître de stage, pour sa part, conditionne la qualité du stage. C’est un formateur avant d’être un employeur. Il va devoir interpeller son stagiaire sur les points fondamentaux de l’exercice et l’accompagner dans tout ce qui ne s’apprend pas en théorie mais se pratique comme l’appréhension d’une ordonnance. C’est indispensable car un bon professionnel se construit au moment de l’apprentissage.

Certains outils seront bientôt disponibles pour faciliter le déroulement du stage aux deux acteurs. Ainsi, le ministère de la Santé travaille à l’élaboration d’un tableau de bord spécifique au stage en officine. Ce support devrait décrire les points d’apprentissage essentiels et servir de procédure à suivre pour le tuteur comme pour le stagiaire.

Pour le compléter, il existe déjà un guide de stage qui aborde les différents aspects de la vie professionnelle sous la forme d’une documentation dispensée par notre collège (cpcms.fr). Enfin, nous allons proposer à la rentrée prochaine des fiches d’information à destination des futurs stagiaires. Ils y trouveront des renseignements sur les spécificités des maîtres de stage agréés et pourront orienter leur choix de tuteur en toute connaissance de cause.

L’harmonisation des cursus au niveau européen pourrait induire l’allongement des études de pharmacie à 8 ans. Le stage de fin de 6e année s’en trouverait-il modifié ?

Même si le Collège n’a pas à se prononcer sur cette question, nous avons mené une réflexion sur ce sujet que nous devrions formaliser avant l’été. Si la durée des études est allongée, il faudra occuper ce temps supplémentaire. Un stage plus long pourrait être envisagé mais on ne voit pas bien dans quel intérêt car si la formation est bien menée, six mois sont parfaitement suffisants pour parfaire l’apprentissage de l’étudiant.

En revanche, deux années d’études supplémentaires posent de nombreuses questions notamment pour l’étudiant qui devra assumer financièrement le recul de son entrée dans la vie active. Tout allongement du temps d’études devra, par ailleurs, être meublé, financé et encadré. Il faut le savoir.

Propos recueillis par A.-S.P.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3258