Le quotidien régional « La Provence » a publié hier de larges extraits d’un rapport de l’IGAS, encore en cours de finalisation, accablant pour l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille. Relevant des dérives aussi bien sur le plan social que sanitaire, il pointe notamment la pression exercée sur les médecins pour qu’ils prescrivent hydroxychloroquine, azithromycine et zinc contre le Covid-19, ou à défaut de l’ivermectine.
Dans un article publié hier, le quotidien marseillais n’y va pas par quatre chemins et titre : « IHU de Marseille : le coup de grâce ? ». Les journalistes ont pu consulter le rapport conjoint provisoire de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche (IGESR), qui n’attend plus que les réponses de l’IHU dans le cadre de la procédure contradictoire pour être finalisé. Et expliquent que ce rapport, plus cinglant encore que celui de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé publié il y a quelques semaines, « dresse le constat d’un pôle d’excellence à la dérive en matière de recherche comme de soins des patients, à la main d’un Didier Raoult omnipotent ».
Des conclusions qui s’appuient notamment sur l’audition de 300 collaborateurs de l’IHU et qui pointent en particulier « des prescriptions qui ne respectent pas le code de la santé publique, ce qui est de nature à relever d'une qualification pénale ». Au rang desquelles on retrouve les fameux protocoles décriés et pourtant promus par Didier Raoult : hydroxychloroquine (HCQ), azithromycine et zinc, ou encore ivermectine. Or, relèvent les inspecteurs, les médecins de l’IHU ont été sous pression de leur direction pour prescrire ces traitements. Ainsi que pour mener des recherches de manière biaisée.
En effet, toujours selon ce rapport, les mauvaises pratiques scientifiques sont foison. Certes, les chercheurs de l’IHU publient beaucoup mais dans des revues de qualité médiocre. Pire, les chercheurs sont amenés à « édulcorer volontairement les résultats et les données ou supprimer des choses qui ne marchent pas, pour ne pas subir de pression ». Les rapporteurs dénoncent un fonctionnement très autoritaire de la direction de Didier Raoult, dans une « logique de soumission ». Preuve en est, sur les 300 employés interrogés, une cinquantaine fait part « d’une situation allant du malaise à une forte souffrance liée à leur activité professionnelle ».
La fuite de ce rapport intervient après la publication des rapports de l’ANSM en avril, et de la mise en place des premières mesures administratives en juin à l’encontre de l’IHU alors qu’une plainte au pénal est toujours en cours. Elle intervient également, comme le rappelle « La Provence », « après la condamnation lundi par le tribunal de Marseille de l’un de ses chercheurs pour agression sexuelle ». Elle intervient enfin, souligne l’AFP, une semaine avant une réunion cruciale du conseil d'administration pour donner un successeur à Didier Raoult : « Un comité scientifique a recommandé le nom de Pierre-Edouard Fournier, chercheur déjà intégré depuis longtemps à l'IHU, mais ce choix a été critiqué, en interne comme en externe, comme ne marquant pas une rupture suffisante. »
Avec l'AFP.
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