Le Quotidien du pharmacien.- Peu après votre nomination, vous avez demandé un état des lieux sur la sécurité des soignants en incluant les professionnels de santé de ville. Pour quelle raison ?
Agnès Firmin-Le Bodo.- Il y a une montée des violences au sein de notre société qui doit nous inquiéter et particulièrement nous mobiliser quand elles concernent celles et ceux qui accomplissent une mission d’intérêt général. Il n’est pas acceptable que nos soignants soient menacés dans l’exercice de leur mission. Ils sont là pour sauver des vies, pas pour risquer la leur. En me saisissant de ce dossier, j’ai très vite dressé un constat : les professionnels de santé ne sont pas égaux face aux situations de violences selon qu’ils exercent en établissement de santé ou en ville. Nombreux sont les libéraux qui exercent de façon isolée, dans des cabinets, des pharmacies ou encore lors de consultations à domicile. Ils sont donc seuls à plusieurs niveaux : lorsqu’ils doivent gérer une situation de violences, lorsqu’il s’agit de faire les démarches judiciaires et de faire face au traumatisme qui survient après. On retrouve ce même écart dans la protection pénale, puisque les soignants de l’hôpital peuvent se prévaloir du délit d’outrage alors que les professionnels libéraux en étaient exclus jusqu’à présent. Avec le plan que j’ai récemment présenté, mon souhait est de renforcer la sécurité de tous les soignants, et donc des professionnels libéraux qui bénéficieront des mesures de protection renforcée.
L’officine est identifiée parmi les secteurs de ville les plus à risque. En tant que pharmacienne, que vous inspire ce constat ?
Le pharmacien d’officine occupe une place particulière, et centrale, dans notre système de santé. C’est le professionnel le plus directement accessible, avec pignon sur rue, et sans contrôle à l’entrée comme on peut l’avoir dans une maison de santé. Mécaniquement cela se ressent dans leur sécurité. J’ai moi-même subi des violences lorsque j’exerçais en tant que pharmacien : les menaces de mort au téléphone, les pots de chrysanthèmes déposés devant ma pharmacie… J’ai déposé plainte 8 fois. Et je peux vous dire que ça vous heurte profondément. Nous ne nous engageons pas pour ça lorsque nous commençons des études de pharmacie. Il était évident pour moi qu’une attention particulière devait être accordée aux soignants exerçant en ville.
Comment les mesures de votre plan sont-elles accueillies par la profession ?
L’attente sur ce sujet était très forte et les professionnels de santé que je rencontre saluent de manière unanime les avancées. Mais nous devrons rester vigilants dans la mesure où les menaces qui pèsent sur les soignants sont en évolution permanente. Nous devons bâtir une véritable culture de la sécurité parmi la communauté des soignants et ce en travaillant mieux avec les représentants de la justice et des forces de sécurité intérieure. C’est pour cette raison que nous avons fait de la relance de la politique partenariale entre l’Intérieur, la Justice et la Santé notre priorité pour 2024. Face à l’ampleur du phénomène, nous répondons avec des mesures fortes. Une agression, cela doit être une condamnation à la clé.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Auvergne-Rhône-Alpes
Expérimentation sur les entretiens vaccination
Excédés par les vols et la fraude à l’ordonnance
Des pharmaciens marseillais créent un groupe d’entraide sur WhatsApp