Comme le redoutaient les pharmaciens allemands, la Cour de Justice européenne de Luxembourg a estimé, mercredi matin, que l’obligation faite aux pharmacies virtuelles situées hors d’Allemagne de se conformer au prix allemand du médicament prescriptible constituait une entrave à la législation européenne.
En clair, ces pharmacies pourront dorénavant, contrairement aux pharmacies situées en territoire allemand, proposer aux patients allemands, par Internet depuis l’étranger, des médicaments prescriptibles à un prix inférieur à celui exigé dans les pharmacies allemandes.
L’arrêt de la Cour va relancer la concurrence entre les pharmacies classiques et les pharmacies virtuelles, dont l’activité dans le domaine du médicament prescrit est négligeable en raison du peu d’avantages qu’ont les patients à acheter ces médicaments en ligne plutôt que dans une officine. C’est parce que la justice européenne, en 2004, a autorisé les ventes d’OTC depuis l’étranger, moins chers qu’en Allemagne, que les pharmacies virtuelles opérant Outre-Rhin ont conquis plus de 10% du marché en quelques années, alors qu’elles stagnaient auparavant.
Si cette situation se reproduit avec les prescriptions, les officines, qui n’ont pas le droit de vendre des prescriptions avec des rabais, risquent de se lancer tout de même dans cette fuite en avant, qui pourrait déboucher sur une guerre des prix fratricide. Pour éviter d’en arriver à une telle situation, l’Association des pharmaciens allemands (ABDA) appelle le gouvernement à interdire purement et simplement toute vente de médicaments prescriptibles par correspondance, ce qui règlerait de facto la nouvelle situation issue de cette décision de justice et resterait conforme au droit européen. Actuellement, outre l’Allemagne, 9 pays européens dont le Royaume-Uni et les Pays-Bas autorisent les ventes de prescriptions par correspondance, en fonction de législations nationales.
Mais quelle que soit la réaction allemande, l’arrêt rendu ce matin constitue bien, au niveau européen, une pierre lancée dans le jardin des défenseurs du prix unique, et ne manquera pas de nourrir d’autres procédures juridiques pour tenter, à terme, de l’écorner encore plus.
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