DANS toutes les professions, il existe des brebis galeuses. Mais à l’heure où les pharmaciens expriment leur colère contre un projet de réforme délétère, ces deux sales affaires tombent plutôt mal. Une escroquerie de taille à l’assurance-maladie en Seine-et-Marne révélée récemment et un vaste trafic d’anabolisants centré sur une officine de Créteil, voilà qui égratigne cruellement, et presque simultanément, l’image promue par la défense professionnelle.
À Champs-sur-Marne, ce n’est pas moins de 815 000 euros qui auraient été détournés par un titulaire indélicat. Durant quatre ans, celui-ci établissait de fausses ordonnances d’hôpitaux pour des anticancéreux coûteux (de 900 à 2 700 euros la boîte), qu’il ne commandait pas et ne délivrait pas… mais présentait au remboursement. Le pharmacien, mis en garde à vue la semaine dernière, prétendait destiner ces traitements à lui-même ainsi qu’à un client et son compagnon. À noter que ces deux personnes ont été mises hors de cause lors de l’enquête. Une enquête qui aura duré plusieurs mois, car ce n’est qu’en août 2013, alors que le « système » fonctionne depuis déjà 4 ans, qu’un contrôle opéré par le RSI (Régime social des indépendants) découvre le pot aux roses. Il faut dire que les sommes frauduleusement remboursées sont astronomiques. « Assez fragile psychologiquement », aux dires des enquêteurs, le pharmacien a fini par avouer les faits au terme de sa garde à vue. L’officine dont il était titulaire depuis 20 ans était en difficulté depuis quelques années, ont confié les enquêteurs. Comme souvent en de pareils cas, c’est là qu’il faut chercher les mobiles de telles malversations. Quoi qu’il en soit, le titulaire a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Il comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Meaux le 6 novembre, pour escroquerie, faux et usage de faux.
Un trou de 200 000 dans la caisse.
L’autre affaire, qui tombe tout aussi mal, n’implique pas un pharmacien, mais une aide-préparatrice. Aux côtés de la jeune professionnelle âgée de 33 ans, 23 autres personnes comparaissaient lundi 29 septembre devant la 10e chambre du tribunal correctionnel de Créteil pour l’ouverture de leur procès. Chef d’accusation ? Trafic de stéroïdes anabolisants et autres hormones de croissance. Les faits remontent aux années 2008 et 2009. Mais dans cette affaire, le pharmacien est plutôt la victime. C’est en avril 2009 que démarre l’enquête. Le titulaire, installé à Créteil, relève alors dans son bilan comptable un trou de trésorerie de près de 200 000 euros. Une rapide enquête lui fait découvrir que, depuis mars 2008, pas moins de 279 boîtes d’Umatrope à 681 euros ont été détournées de son officine. Très vite, les soupçons des enquêteurs se portent sur sa jeune préparatrice. Habituée d’une boîte de nuit de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), la jeune femme a effectivement fourni pendant deux ans plusieurs videurs de l’établissement qui eux-mêmes se chargeaient d’écouler les produits auprès d’une vingtaine d’acheteurs amateurs de bodybuilding. Ces derniers risquent jusqu’à cinq ans de prison. Quant à la préparatrice, qui répond au chef d’accusation de contrebande, elle est passible de dix ans d’emprisonnement.
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