Une femme de 55 ans, traitée par le Médiator de 2006 à 2009, est décédée lundi des suites d'une valvulopathie cardiaque, alors que se poursuit le procès de ce scandale sanitaire à Paris.
Mme B., victime du Mediator, a été enterrée en Haute-Garonne ce jeudi 21 novembre, qui est aussi le jour où, pour la première fois depuis l'ouverture du procès Mediator, le 23 septembre, des victimes vont s'avancer à la barre du tribunal correctionnel pour raconter leur histoire. Des histoires qui se racontent, alors que celle de Mme B. s’est achevée.
Mme B. a pris du Mediator en 2006 et durant trois ans, en traitement de son diabète. En 2012, une grave valvulopathie est identifiée, qui nécessite la pose d’une valve cardiaque mécanique. Deux ans plus tard, le collège d'experts de l'Office national des indemnisations des victimes d'accidents médicaux (ONIAM) fait le lien entre cette valvulopathie et la prise de Mediator. En juillet 2015, la patiente est indemnisée par les Laboratoires Servier à hauteur de 40 000 euros. Mais son état de santé se détériore encore. Elle saisit à nouveau l’ONIAM dont les experts confirment que « l'aggravation du dommage est imputable au benfluorex », le principe actif du Mediator. Ils estiment que « son état nécessite qu'elle soit aidée 4 heures par jour pour les actes de la vie courante » et ajoutent que « la réparation des préjudices incombe aux Laboratoires Servier ou à leur assureur ». Le 19 avril 2019, Mme B. et Servier signent un protocole transactionnel. Les laboratoires s'engagent à lui verser 48 360 euros « à titre d'indemnisation totale, ferme et définitive concernant l'intégralité des préjudices subis du fait de la prise du produit Mediator ». En septembre, Mme B. est réopérée pour remplacer sa valve qui fuyait. L'opération a échoué. Après un AVC, la patiente est entrée dans le coma avant de décéder deux mois plus tard.
« Cette affaire illustre que le Mediator tue toujours, même dix ans après le retrait du marché », déplore l'avocat de la patiente, Me Oudin. « Chaque décès qui pourrait être lié à la prise de Mediator constitue un drame et nous réitérons nos sincères regrets aux patients et à leur famille », a réagi Servier. Le laboratoire est jugé notamment pour « tromperie aggravée » et « homicides et blessures involontaires », une dernière qualification également retenue contre l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), poursuivie pour avoir tardé à suspendre le Mediator.
Avec l'AFP.
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