Après un accord informel le 5 juin dernier entre le conseil des ministres des États membres et le Parlement européen, celui-ci vient d’adopter à une très large majorité une nouvelle réglementation limitant l’utilisation d’antibiotiques dans les élevages.
Le but poursuivi est d’empêcher les bactéries résistantes d’entrer dans l’alimentation humaine. Cette nouvelle réglementation reprend les différents points de l’accord signé en juin dernier et rappelle que les médicaments vétérinaires ne doivent en aucun cas servir à améliorer la performance ou à compenser le non-respect des bonnes pratiques d’élevage. Le recours préventif aux antibiotiques dans les élevages sera limité à des cas individuels pleinement justifiés par un vétérinaire lorsqu’un risque élevé d’infection est avéré. Leur administration pour traiter un groupe d’animaux dont l’un présente des signes d’infection ne sera possible qu’en dernier recours et sous le contrôle d’un vétérinaire.
Les antibiotiques à facteur de croissance, qui sont interdits dans l’Union européenne (UE) depuis 2006, seront également prohibés dans les élevages de pays tiers qui exportent vers l’UE. Plus largement, les denrées alimentaires importées devront respecter les normes européennes. Enfin, le Parlement européen confie à la Commission européenne la possibilité de sélectionner les antimicrobiens qui devront être réservés aux traitements humains. Ces nouvelles règles, adoptées par 583 voix pour, 16 contre et 20 abstentions, entreront en vigueur d’ici à 2022.
Le Parlement européen suit ainsi les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé publiées en novembre 2017. Celle-ci appelle l’industrie alimentaire et les éleveurs à cesser d'utiliser des antibiotiques chez des animaux en bonne santé, que ce soit pour prévenir des maladies ou accélérer la croissance, afin de « préserver l’efficacité des antibiotiques importants pour la médecine humaine en réduisant leur utilisation inutile chez l’animal ». En France, la lutte contre l’antibiorésistance en médecine vétérinaire fait l’objet d’un plan national, le plan Ecoantibio, très efficace. Depuis avril 2016, le recours préventif à une cinquantaine d’antibiotiques critiques y est interdit et la réalisation de tests avant toute prescription d’un antibiotique critique en médecine vétérinaire est imposée.
Le sujet a déjà été repéré par les contrefacteurs de médicaments. Dans le cadre de l’opération internationale PANGEA XI, la Brigade nationale des enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP) note qu’avec la baisse du recours aux antibiotiques afin de lutter contre les antibiorésistances, l’offre de produits de substitution non autorisés en tant que médicament, et dont l’emploi peut être dangereux pour l’animal et l’utilisateur, est en nette augmentation.
Avec l'AFP.
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