Avec l’affaire Woerth-Bettencourt, c’est la justice qu’on assassine. Un procureur et une juge se disputent le dossier. Lui ne veut pas entendre parler d’une mise sous tutelle de Liliane Bettencourt. Elle veut enquêter assez longtemps pour démêler l’écheveau et trouver ce qui confondra l’artiste qui a bénéficié des (immenses) largesses de Liliane. Pour faire simple, lui est du côté de Liliane et, accessoirement du pouvoir. Elle est plutôt du côté de Françoise Bettencourt-Meyers, la fille, et, au-delà, cherche à compromettre le même pouvoir. Il est bien possible que l’une ait plus raison que l’autre ou vice versa. Mais la confusion et l’inimitié entre les deux magistrats sont telles qu’il est question de dépayser l’affaire, ce qui ne grandit ni le procureur ni la juge ni la justice en général, soudain incarnée par deux personnes trop engagées pour qu’elle nous semble sereine. Ajoutez à cela que l’un est accusé, si l’on peut dire, d’avoir une connivence avec l’Élysée, que l’autre ne semble pas faire du secret de l’instruction le fondement de son éthique, que le Syndicat de la magistrature prend parti pour elle, qu’Éva Joly, ancienne juge d’instruction mais probable candidate à la présidence de la République, ajoute son grain de sel, et vous aurez un tableau finalement assez sinistre et surtout surréaliste de la justice française d’aujourd’hui.
HUMEUR
Justice surréaliste
Publié le 28/10/2010
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› RICHARD LISCIA
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2785
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